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Histoire du Maghreb تاريخ المغرب الكبير

Les Idrisides et les chrétiens du Maghrib occidental.

Au début du VIIIe siècle, la région du Maghrib al-Aqsâ avait connu deux fortes personnalités Mûsâ b. Nusayr (de 712 à 715) et Ismâcîl b. cAbd Allâh (de 718 à 720). Leur campagne d'islamisation dans un contexte historique très particulier, avait fait ces preuves. Malgré les réactions et la résistance des populations berbères, la politique du rassemblement et d'intégration des Berbères dans l'armée arabe avait donné des résultats à long terme dans le domaine de la conversion à l'islâm. De toute façon les généraux arabes avaient mené une politique habile qui consistait à dire que le droit de participer à la guerre sainte, donnait automatiquement le droit à une part du butin de guerre, le tout lié à l'adhésion à l'islâm. Une fois les masses berbères intégrées à l'armée arabe, le processus de l'islamisation a trouvé sa continuation dans l'effort des savants et les compagnons du Prophète qui ont assuré l'enseignement de la nouvelle religion (1).

Le christianisme et le judaïsme, ainsi que d'autres croyances, étaient répandus au Maghrib occidental. Nul ne doute des efforts des gouverneurs arabes, ils avaient fait beaucoup pour l'islamisation de la région, mais certaines tribus résistèrent à ces campagnes d'islamisation (2). Les Idrisides après la constitution de leur État ont mené des campagnes militaires dans le Tamasna, Chalâ, Tâdla et dans les régions qui les entourent, dont les textes nous informent que la majorité des populations étaient de confessions juives, chrétiennes ou païennes (3).

La première expédition en 172 de l'hégire, les Idrisides ont touché trois régions: la ville de Châla, une partie de Tamasnâ et Tâdla. Dans ces régions, ils n'y avaient que quelques musulmans, les juifs et les chrétiens en constituaient la majorité (4).

La deuxième expédition en 173 H/ 789 ap.J.C, était dirigée contre les rassemblements des berbères juifs, chrétiens et idolâtres qui se sont retranchés et fortifiés dans les montagnes et châteaux inaccessibles, en particulier les forteresses des Banû Louata, des Mediouna, des Bahlûla et des Ghiyâta (5). L'imâm idrisides, qui voulait un territoire plus vaste pour instaurer un régime politique, ne pouvait que confisquer des terres et des biens qui lui revenaient par la règle de la conquête d'un territoire d'autant plus que ses populations portent l'autre foi à combattre. Donc, de force ou de gré, les communautés non-musulmanes avaient fait les frais de la mise en place du pouvoir Idriside. Combien de convertis? Aucune de nos sources ne peut répondre à cette question pour le moment.

La fondation de la ville de Fès a été entourée de légende, puisque l'endroit était habité par deux tribus Zanâta: les Zuwagha et Banû Yarghîh, où les musulmans côtoient les chrétiens, les juifs et les idolâtres (6). Ibn Abî Zarc en faisant référence à l'ouvrage historique d'Ibn Ghâlib nous rapporte la prédiction racontée par un moine chrétien qui passait sa vie en prières dans un ermitage, proche d'un terrain qu’Idrîs II avait inspecté pour la construction de la ville de Fès. Une fois mis au courant des intentions d'Idrîs, le moine lui avait raconté qu'un moine vivant autrefois dans la région, mort depuis cent ans, disait déjà qu'à cet endroit avait existé une ville du nom de Sâf. Cette ville avait été détruite il y a 1700 ans. Et que cette prédiction se trouve dans un écrit (7).

Si on accepte d'admettre comme Levi-Provençal, qu'il y avait un monastère chrétien à Fès à la fin du VIIIe siècle, on peut comprendre qu'une des portes de la première des enceintes idrîsides, portait le nom de Bâb al-Kanîsa (porte de l'Église).

 

(1)-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân..., T., I, p., 50.

(2)-IBN KHALDÛN cAbd al-Rahmân, Al-cIbar wa dîwân al-mubtada'i wa khabar...., tx., ar., T., IV, p., 17 et tx., fr., trad., DE SLANE, "Histoire des berbères et des dynasties musulmanes..., T., I, p., 209.

-IBN ABÎ ZARc, Rawd al-Qirtâs..., pp., 20-21.

-N: IBN KHALDÛN cAbd al-Rahmân, dans al-cIbar, nous donne les noms des tribus Fandalawah, les Madyûna, les Bahlûla, les Giyâta et les Fazâz des tribus de confession juives, chrétiennes ou païennes.

(3)-Ibid., p., 17.

(4)-IBN ABÎ ZARc, Rawd al-Qirtâs..., tx., fr., "Histoire des Souverains du Maghreb et annales de la ville de Fès", p., 16.

(5)-IBN ABÎ ZARc, Rawd al-Qirtâs..., p., 16.

(6)-IBN ABÎ ZARc, Rawd al-Qirtâs..., pp., 34-35.

(7)-Ibid., p., 48 et Zahrat al-Âs..., trad., BEL, p., 54.

-BECK Herman, L'image d'Idrîs II, ses descendants de Fâs et la politique sharîfienne des sultans marînides (656-869 H/ 1258-1465 ap.J.C), édit., E. J. Brill, 1989, p., 66.

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