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Histoire du Maghreb تاريخ المغرب الكبير

Quelques lignes sur les sources hagiographiques.


Les sources hagiographiques nous informent sur la société médiévale au Maghreb en général. Elles exposent deux thèmes majeurs: l'islamisation de la société rurale due à l’activité des sulahâ’ et les évolutions religieuses de la société citadine opéraient suite à l’ouverture du Maghrib occidental sur la culture de l’Andalousie et de l'orient. La hagiographie faisait état d’une réislamisation de cette société au fur et à mesure des bouleversements politico-sociaux et doctrinale, au moins jusqu’au XIVe siècle. Le deuxième thème ils informent sur des nouveaux religieux de la région, les ‘awliyâ’ du Maghreb, saint et mystique, même si ils ne sont pas en opposition avec la loi religieuse, il sont nouveaux sur la scène religieuse des courants de pensée du Maghreb par leurs comportements et leurs spiritualités qui s'affichaient contraires à l’ordinaire des fuqahâ’-juristes..

Les livres d’al-manâqib, sources incontournables pour l’étude du développement du mysticisme maghrébin médiéval ont été pendant longtemps sous estimer par les historiens à cause de leur caractère qui puise dans la mémoire populaire. Le mysticisme, courant de penser, forme de piété et du salut éternel, il ne trouve pas tout simplement sa justification en Orient musulman, mais aussi dans la trajectoire de l’histoire médiévale du Maghreb. Il est étonnant de ne pas voir la naissance de ce courant au Maghreb, chez les berbères, puisque la région a été liée depuis la conquête arabe aux bouleversements politico-religieuses et sociale survenue au centre de l’Islâm, et, où l’influence et la rupture n’ont jamais constitué un refus de l’Islâm dite «authentique» ou de ces interprétations orientales. Après l’expérience de l’administration des gouverneurs (wulât) qui applique la politique économique et social du califat oriental, passant par le harijisme -révolutionnaire et égalitaire- et le shicisme fâtimide. Le soufisme faisait son apparition au Maghrib occidental sous les Almoravides, malikites et censeurs de la pensée ghazalien, l’Imâm d’Ihyâ’ culûm al-ddîn, ce dernier s’était imposé de l’extérieur (dahîl ou gharîb) dans la littérature et les débats au Maghrib occidental almoravide, ces ce qui ressort des jugements des lettrés le long de l’histoire des trois dynasties. Avec ce genre d’écriture et d’expression des manâqib, le fait religieux n’était plus celui des culamâ’ du madhab lié au pouvoir, ni la forme de l’écriture de la tradition historico-géographique qui légitime le pouvoir, la doctrine majoritaire et la dynastie en place, mais le fait religieux raconte et expose de l’information sur la vie des soufîs au sein de la société à la marge du pouvoir dynastique. Le contenu de ces sources était donc orienté vers une frange de la société musulmane. Celle qui construit une forme de relations dans les bases son l’homme de la grâce divine et une partie de la communauté délaissait par le centralisme dynastique.

Autrement dit, la biographie d’un homme soufî, où les maîtres, les disciples, l’emploi du temps quotidien, les miracles sont exposés à partir du parcours de ce waliy en relation avec la société et le pouvoir. Le centre de cette écriture hagiographique est l’individu -waliy-soufî-. La quête acharnait de la spiritualité et l’expérience de l’homme dans ces fait et gestes, reste le fait religieux le plus important dans ce modèle d’écriture, si en le compare avec le fait politique ou juridique de la tradition historico-géographique ou des consultations juridiques. Nous pouvons dire que la relation entre l’individu -waliy- et la puissance divine et pour la première fois, regardée du point de vue du chemin que parcours le waliy vers Dieu, du visible à l’invisible, de l’incertitude à la certitude dans des quêtes spirituelles, que seul le waliy détenait les clés de ce mystère.. Le bouleversement de la société médiéval et l’angoisse des hommes trouve l’espoir dans les manâqib, où les règles religieuses ne sont pas rigides et le miracle des ‘awliyâ’ rassure les populations, d’où l’influence du waliy au sein de son espace. Le secours demandait par les populations dans les moments difficiles faisait du saint un (ghawt) et un patron protecteur de la ville de la campagne et au delà de ce monde. La tradition de l’orale était un moyen de transmettre les faits et gestes du soufî, avant que les lettrés musulmans aient commencés à enregistrer la vie des soufîs. Ils ont constitué des corpus d’al-manâqib à partir de la tradition orale, les informations locale relative au personnage saint dans le paysage de la société médiéval sont transmis par les disciples et les populations, à tel point que des chaînes de transmetteurs avait fait son apparition à la manière de la tradition du Prophète.

Les corpus hagiographiques ont passés de l’oral à l’écrit, avec tout ce que l’imaginaire populaire peut ajouter à ces personnages. Comme la tradition historico-géographique et les écrits juridiques, la hagiographie avait suivi le même processus. En se demandait, d’ailleurs, si le fait religieux qui était au début un fait religieux oral, avant de le consigner par écrit, n’était pas un facteur déterminant qui a modelé les biographies des soufîs. A ce titre le fait religieux avait basculé du peuple (câma), qui transmettait la tradition des soufîs à des lettrés (hâsa). Ces derniers ont consigné les parcours des waliy dans le but disent-ils d’éviter l’oublie et l’extrémisme des disciples (Mughâlât al-murîdûn) . Par conséquent, le populaire devient restreint, réservé aux disciples, à la voie initiatique (tarîqa), avant qu’il devînt ultérieurement un fait religieux des confréries (zawâyyâ), où la possibilité d’obtenir l’information exigeait l’appartenance au cercle du maître.

En effet, même si les manâqib avaient passé de l’oral à l’écrit, il reste que la mémoire populaire est très présente dans ce modèle d’écriture, avec une double signification. La première concerne l’élu choisi par Dieu -waliy- représentant de toutes les activités temporel et spirituelle. La deuxième signification concerne la société du Maghrib occidental qui reste le champ d’action du waliy, même dans les étapes initiatiques les plus individuelles. Une classification des livres d’al-manâqib, même exhaustive, montre à tel point que le saint, les régions jouent un rôle important:

1 - Corpus hagiographique du qutb. L’écriture tourne autour du saint, il représente l’intérêt central pour confirmer son rayonnement mystique. L’auteur évoque les maîtres, les disciples, les miracles, les karâmât du saint etc. Dans ce modèle, l’auteur rendait hommage à un représentant de la mystique, il l’impose comme le fondateur d’une voie mystique (tarîqa soufiyya). Les actes de la vie quotidienne du qutb, ces faits et gestes sont tousse imprégnait d’une signification spirituelle. Dans ce cadre l’enquête sur le soufî Abû Madyan de la ville de Tlemcen menait par IBN QUNFUD, dans le ‘Uns al-faqîr wa ciz al-haqîr, un siècle et demi plus tard. Et celle d’AL-HADRAMÎ, dans al-Salsal al-cadb wa al-manhal al-ahlâ, qui s’intéresse au soufî Ibn cÂshir de Salé et ses disciples et à travers eux à l’importance des mystiques à l’époque du sultan mérinide Abû Fâris cAbd al-cAzîz, montrent l’importance des hagiographies consacrées au qutb de la mystique ou jugé comme tel.

2 - Corpus hagiographique où l’auteur fait étalage de l’étendue de l’influence du saint à travers une région où se trouve ces disciples. Ahmad b. Ibrâhîm AL-QASHTÂLÎ avait consacré en 657 H/ 1249, un l’ouvrage Tuhfat al-mughtarib bi bilâd al-Maghrib, au soufî Abû Marwâne AL-YUHANISÎ. Le Minhâj al-wâdih fî tahqîq karâmât Abî Muhammad Sâlih, rédigé après 699 H/ 1297, par le descendant d’Abû Muhammad Sâlih, Ahmad Ibn Ibrâhîm. Dans ce modèle de corpus hagiographiques, l’auteur est souvent disciple du soufî. Il témoigne directement des miracles et du charisme de son maître. Il expose en particulier l’histoire de la sainteté à travers la vie du saint.

3 - Corpus hagiographiques ou le saint et la région constitue le centre d’intérêt pour l’auteur dans le but d’affirmer l’importance de la région et ses saints dans l’évolution de la mystique. De ce fait, l’auteur répondait probablement à un autre écrit sur tel ou telle région. Ce genre de démarches complémentaire par région laisse à penser que le régionalisme jouait un rôle important dans l’évolution de l’écrit hagiographique. Dans ce cas l’ouvrage al-Tashawuf ilâ rijâl al-tasawuf d’Abû Yacqûb Yahyâ AL-TÂDILÎ, connu sous le nom d’IBN AL-ZAYYÂT, et Al-Maqsad al-sharîf wa al-manzac al-latif fî al-tacrîf bi-sulahâ’ al-Rîf d’Abd al-Haqq b. Ismâcîl d’al-BÂDISÎ sont l’illustration de ce régionalisme hagiographique.

4 - Corpus hagiographique qui rendait hommage à un saint ou une famille de saintetés héréditaires qui ont joué un rôle important dans le développement de la mystique, comme par exemple le livre Damcat al-yaqîn fî zacâmat al-mutaqîn d’Abû al-cAbbâs AL-cAZAFÎ, consacré au saint Abû Yaczâ..

Pour ces raisons de décalage entre le modèle de la tradition historico-géographique et la hagiographie que l’hypothèse de trouver des champs vierge pour l’étude de cette doctrine soufî reste la plus privilégier, il nous semble que ces le moyen propre pour comprendre cette mutation à la fois socio-religieuse et politique au sein de la société du Maghrib occidental médiéval et qui permet d’envisager l’étude du soufisme à travers la littérature et les structures mise en place pour sa diffusion au sein de la société du Maghrib occidental. L'apparition des hommes du tasawuf au sein du paysage sociale était une alternative au couple dacwa-casabiya sur le plan politique et face à l’alliance faqîh-souverain qui avait dominer les parcours dynastiques. Le centre d'intérêt reste les phénomènes des clivages et des conflits qui se sont déroulés au sein de la société du Maghrib occidental médiéval entre le pouvoir et ses alliées les foqahâs et le soufisme pour récupérer (Dâhirat al-istiqtâb) l’espace et ses populations (Majâl al-tanâfus). Quelle que soit la prudence qu’il faut avoir vis-à-vis de cette dualité faqîh-waliy-souverain, puisque le soufisme au sein du Magrib occidental reste dans le cadre du madhâb, il demeure, n’est à moins, que sur les questions de la gestion communautaire une différence de taille entre le juriste et le soufîs.

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