25 Avril 2010
1- Le dernier des émîrs zîrîdes et Les récits de la conquête normande.
La naissance de la dynastie zîrîde est le fait de deux facteurs: la politique impériale des Fâtimides menée en Afrique du Nord et vers la Sicile et la Méditerranée. Le deuxième est la révolte kharijite la plus puissante contre les Fâtimides sous l'autorité du kharijite Abû Yazîd. Au cours de ce projet Fâtimide shicite et la résistance kharijite, les berbères Talkala de la confédération des Sanhâja se sont illustrés dans la lutte contre le kharijisme d'Abû Yazîd. Par reconnaissance à cette fidélité au calife fâtimide, les zîrîdes, Zîrî b. Manâd et son fils Bûlûghîn, étaient désignés comme gouverneurs de tout le territoire des Sanhaja (1).
Quand le calife fâtimide avait quitté l'Ifrîqiya pour l'Egypte en 359 H/ 972 ap.J.C, il avait désigné Bûlûghîn b. Zîrî gouverneur de la partie occidentale de son empire. Cette nomination avait permis l'accès au pouvoir des Tribus Talkala. Sous les premiers émîrs zîrîdes Bûlûghîn (361 H/ 972 - 373 H/ 984) (2), al-Mansûr (373 H/ 984 - 386 H/ 996) et Bâdis (386 H/ 996 - 406 H/ 1016) (3) l'alliance entre les Zîrîdes et les Fâtimides a été respectée par les émîrs de la province qui versaient régulièrement un tribut au calife fâtimide, ce dernier avait gardé un droit de contrôle sur la gestion de l'administration et les actions militaires menées contre Les Zanâta et les Hammadîdes d'al-Qalca proclamée cité indépendante en 405 H/ 1015 ap.J.C.
A cette époque le "séparatisme berbère" a été très vivant au sein des tribus, qui refusent toute forme de centralisation. Ce refus qui avait coïncidé avec l'opposition à la doctrine Shicite ismacilien des Fâtimides et des Zîrîdes. De ce fait de vastes territoires ont échappé à la domination de l'émirat zîrîde: Au Maghrib central les Hammadîdes, les Burghwâta établissent l'un des émirats issus d'une forme de religion locale prophétique, les Ghumâra dans le nord du Maghrib occidental. Cette carte politique des émirats et de groupes autonomes en Afrique du Nord allait faire face à l'une des plus grandes migrations arabes jamais vue depuis la conquête arabe de ce territoire, provoquée par le vizîr fâtimide Mohammad al-Yazûrî en réponse à la décision de l'émîr zîrîde al-Muciz b. Bâdis qui avait abandonné l'allégeance aux Fâtimides (3).
En effet, l'émîr al-Muciz avait adopté la doctrine malikite grâce à son éducation dès son plus jeune âge. Il avait donné l'ordre d'ôter la vie à tout les shicites rafédites dans les populations de l'Ifrîqiya. Malgré les tentatives de récupération des Fâtimides, al-Muciz en 440 H/ 1048 ap.J.C avait supprimé la prière au nom du calife fâtimide, en brûlant les drapeaux et les étendards fâtimides. Il avait en même temps supprimé le nom du calife des monnaies, en faisant allégeance lui même au calife de Baghdâd al-Qâsim (4).
A la fin de Bâdis (mort en 454 H/ 1062 ap.J.C), le royaume zîrîde allait se trouver dans une situation de démembrement politique et social, le règne de son fils Tamîm en l'an 455 H/ 1063 et de ces successeurs Yahyâ b. Tamîm (501 H/ 1108 ap.J.C) et son fils cAliy b. Yahyâ (509 H/ 1116 ap.J.C) faisait face à l'hostilité des Hammâdides et des nomades arabes -Banû Hilâl-, ces derniers émîrs zîrîdes allaient jouer sur les divergences des tribus arabes pour maintenir leur pouvoir politique dans des conditions de faiblesse et d'insécurité (5).
2-L'émîr al-Hasan b. cAliy et Roger de Sicile.
cAliy b. Yahyâ avait engagé le retour à la normalisation des relations avec les fâtimides et des correspondances avec Roger II de Sicile dans le cadre des relations Sicilo-zîrîde qui s'étaient dégradées à cause du soutien maritime de la Sicile au seigneur de Gabès. La menace de l'émîr cAliy b. Yahyâ aux siciliens qui leur fait entendre que les Almoravides du Maghrib occidental, leur allié était capable de faire des razzias sur le sol de la Sicile (6).
Après la succession au trône de son fils al-Hasan b. cAliy en 515 H/ 1121 ap.J.C, âgé de douze ans, les affaires de l'Etat se sont transmises à l'affranchi Muwaffaq. Une année plus tard et sous la régence de Muwaffaq, les Almoravides ont réalisé des opérations militaires sur la côte sicilienne, sous le commandement de l'amiral Muhammad b. Maymûn. Roger II était persuadé que ces attaques almoravides avaient été commises à l'instigation de l'émîr zîrîde al-Hasân (7).
La réaction sicilienne était organisée par l'homme de la conquête normande en Ifrîqiya, Georges d'Antioche. D'une formation politique très accentuée sur la finance, il avait une expérience et une connaissance des sociétés musulmanes. Son arrivée à la cour des Hauteville, après avoir pris la fuite avec des compagnons en 1107, sur un navire sicilien, lui permet de passer au service de l'émîr Christodule (Sâhib al-Ashghâl). Les finances, élément fort de Georges et ses compagnons, leur ont permis de gérer l'argent public dès 1123. La conquête normande, comme le rapporte al-Tijânî, était une idée de Georges d'Antioche et Christodule qui ont tenté la conquête de Mahdiyya.
En 529 H/ 1134-5, la flotte de Roger II avait pris Djerba, où les habitants étaient indépendants vis-à-vis du pouvoir zîrîde. En 537 H/ 1143, ils pratiquaient la piraterie, sans exception, même pour les navires appartenant au sultan zîrîde (8). La ville de Tripoli était sous l'autorité de la famille Matrûh, notable de la ville, qui a gouverné après avoir vu le refus des habitants de reconnaître l'autorité de l'émîr zîrîde al-Hasan. Ces derniers avaient livré bataille, avec l'aide des nomades arabes, à la flotte sicilienne et l'avaient mise en déroute. En 541 H/ 1146, une autre flotte faisait son apparition devant la ville, où les dissensions entre deux fractions qui se livrent à la guerre pour prendre le pouvoir avaient facilité la conquête de la ville par l'armée de Roger II (9).
L'Ifrîqiya était déchirée par les luttes intestines entre les prétendants zîrîdes. La famine depuis 537 H/ 1142, en particulier l'an 542, avait affaibli toute la partie septentrionale de l'Ifrîqiya et bouleversé l'équilibre économique et démographique de la région (10). Le roi Roger II et son commandant de l'expédition, Georges d'Antioche, ont profité de cette situation. Georges avait pris Mahdiyya, en mettant tout son talent pour que les luttes intestines zîrîdes restent à l'ordre du jour afin de faciliter la conquête (11), Dès la conquête de Mahdiyya, des détachements de la flotte ont attaqué la ville de Sfax et Soussa. En 547 H/ 1152-3, le gouverneur de Mahdiyya avait pris la ville de Bône. Ibn al-Atîr nous raconte que ce serviteur de Roger II avait montré beaucoup de respect envers les musulmans de Bône, ce qu'il lui avait couté la vie à son retour en Sicile, suite à une condamnation prononcée par une assemblée d'évêques, des prêtres et des chevaliers siciliens (12).
Le rôle incontestable de Georges d'Antioche dans la prise de Mahdiyya, prouve que la connaissance des lieux et des populations avait joué en faveur de celui qui fut, pendant des années, le ministre de l'Emîr zîrîde Tamîm et son incontournable ministre du trésor. C'est pourquoi, d'ailleurs, les musulmans le considèrent comme un traître à la cause zîrîde. Mais Georges d'Antioche avait montré une certaine souplesse envers ses anciens maîtres, en protégeant le palais de l'émîr de tout pillage et en évitant l'humiliation du harem du prince. Il avait conduit en même temps une politique moins brutale en direction des populations musulmanes.
3-Le rôle des Chrétiens de l'Afrique dans la conquête.
Les relations des pouvoirs musulmans avec les Chrétiens autochtones ou d'Occident se résument à leur place indispensable dans les services de l'Etat, en particulier les cadres qui exercent leurs savoir faire en médecine, finance etc., au service du souverain, comme la forte personnalité de Georges d'Antioche, formé en Syrie, avant 1099, qui s'est imposé comme chargé des finances de l'émîr Tamîm à Mahdiyya. Cette position avait justifié une certaine tolérance vis-à-vis de ces Chrétiens, mais en réalité, ils restaient toujours sous les interdictions de la loi de la Dimma.
Le projet "melkite" de Georges Antioche, comme celui des "mozarabe", de Sisnando Davidiz, réside dans la fondation de royaumes "arabes", administrés par des vizîrs et des émîrs chrétiens, qui ont pour vacation d'encadrer une population à majorité musulmane en Afrique du Nord, avec l'application des lois de la Dimma sur cette majorité. Comme projet politique et économique, la fondation de ces minuscules royaumes arabes en Afriques du Nord pouvait rapporter une rentabilité sur le plan économique. Mais aussi sur le plan religieux, puisque les Mozarabes d'Occident qui avaient donné leur collaboration à Roger 1er, se considèrent comme les héritiers légitimes de l'empire des Romains. L'attente était grande pour la restauration d'un passé politico-religieux de la chrétienté sur le sol de l'Afrique du Nord (13).
La politique des Normands était d'un esprit unificateur de tout les territoires, quelques soient les différences de leurs populations. C'est le maintien des rapports déjà existants entre les chrétiens et les musulmans, surtout que la communauté chrétienne de l'Ifrîqiya n'était pas impliquée dans les combats. La preuve de cette cohabitation entre les deux communautés s'est établie au moment de la prise de Mahdiyya. Au contraire des populations Dimma qui ne peuvent se sentir que libérées par leurs frères de religion de l'autre rive de la Méditerranée, il apparaît que la communauté chrétienne avait ouvert ses maisons et les églises aux musulmans par solidarité (14). Ibn al-Atîr nous décrit cette situation qui reflète la position des unes et des autres catégories de populations:
1- Une partie de la population de la ville qui disposait de moyens pour quitter Mahdiyya avec leurs familles et leurs effets les plus faciles à transporter, a suivi la position et les conseils de l'émîr al-Hasan, les jurisconsultes et les notables de la ville.
2-Une partie des officiers de l'armée zîrîde qui ne pouvaient pas quitter la ville, a pris des précautions à l'avance en envoyant des lettres pour demander protection au commandant Georges d'Antioche.
3-La troisième catégorie des habitants, et en particulier les gens du peuple, la"cÂma", s'est réfugiée dans les maisons des chrétiens et dans les églises (15).
4-L'organisation du gouvernement: Etat-cité.
Au moment de la conquête de Tripoli, les habitants de la ville se réfugièrent dans les alentours de Tripoli, parmi les populations berbères et arabes nomades. Mais la politique de Roger, en instaurant une amnistie générale aux vaincus avait permis leur retour. La famille Matrûh reçut le gouvernorat de la cité, mais une partie des leurs étaient retenue comme otages en Sicile pour s'assurer de la fidélité du gouverneur. Cette première expérience de l'Etat-cité notable au nom de Roger de Sicile allait se propager dans d'autres villes d'Ifrîqiya. Gabès était gouvernée par un affranchi nommé Yûsuf qui avait pris le pouvoir au détriment des deux fils de Râshid. Le nouveau gouverneur, dès qu'il eut connaissance des intentions de l'émîr Zîrîde al-Hasan, reconnut l'autorité de Roger II à condition que se dernier le confirme comme son lieutenant sur la ville. Bien que l'émîr al-Hasan et ses alliés les Banî Qurra aient réussi à prendre la ville de Gabès, il avait en même temps fait rompre la trêve qu'il avait conclu auparavant avec le Roi Roger II. Mahdiyya à son tour est devenu un Etat-cité, après une politique d'amnistie générale proclamée par Georges et la contribution de la milice chrétienne qui portait des lettres de grâce aux habitants qui s'étaient enfuis dans la région. La ville de Mahdiyya a connu une forme de pacification qui mélange la force militaire et la corruption des chefs des tribus nomades (16).
Les Normands, maîtres de la côte d'Ifrîqiya ont instauré une "protectorat", que les populations avaient supporté pendant une douzaine d'années. Face à cette situation, le royaume zîrîde était dans l'anarchie totale. Les campagnes étaient dévastées par les nomades hilaliens, les villes ne remplissaient plus le rôle moteur dans la prospérité du royaume. Sa fiscalité disproportionnée par rapports à la réalité des activités commerciales et artisanales des sédentaires, la faiblesse du pouvoir central et les luttes intestines entre les prétendants au pouvoir s'ajoutent à cette situation. C'est le tableau classique de la fin d'un royaume musulman, basé sur des structures politiques et financières à la fois religieuses et tribales.
Donc, la politique des Normands, que Roger II voulait tolérante, avait permis une circulation importante de populations chrétiennes des rivages africains vers la Sicile, à cause de l'instabilité politique et économique de la région, surtout que la famine, accompagnée de la peste durant l'hiver 1147-1148, avait accentué l'exode des populations chrétiennes mais aussi des grandes familles de notables (des Surfas) qui ont demandé assistance à Roger II.
4-L'archevêché de Mahdiyya.
Mahdiyya capitale de l'Ifrîqiya et cité musulmane prospère, avait vu la reconstruction de l'Eglise africaine, l'un des objectifs de la conquête normande et le résultat politique et religieux les plus importants de cette conquête. L'inventaire de l'église d'Africa, c'est-à-dire Mahdiyya, rapporte que le trésor de l'Eglise de Mahdiyya et celui de Saint-Nicolas ont été remis à Jean Philosophus, de l'église de Sainte-Marie de l'Amiral Georges, par le chantre de la Chapelle Palatine, Nicolas, et par le prêtre Pierre d'Espagne. L'archevêque Cosmas avait gouverné son évêché plus de dix ans jusqu'à sa mort en exil à Palerme le 10 septembre 1160 (17).
L'inventaire du trésor de l'Eglise de Mahdiyya, fait à la chute de la ville aux mains des Almohades, confirme l'usage du latin comme langue du culte. Les livres liturgiques renvoient à la liturgie latine de l'office (psautier, antiphonaire, capitulaire, sermonnaire et homéliaire divisé en deux parties, été et hiver).
5-Echec et repli après la conquête almohade.
Malgré les tentatives de la Sicile pour créer une forme de coexistence entre les chrétiens et les musulmans dans les régions côtières en Afrique du Nord, la mort de Roger en 1153 ap.J.C avait changé les données politiques des "Cité-Etat". Son fils et successeur Guillaume avait connu l'échec face aux notables des villes côtières et les Almohades du Maghrib occidental à cause des difficultés internes dues selon les sources "au caractère tyrannique et sombre", "Son administration était si mauvaise, que les forteresses de la Sicile et de la Calabre se mirent en révolte contre lui" (18). Cette situation avait précipité les révoltes de la population et mis les chrétiens des villes côtières dans une situation difficile.
a-Les révoltes des notables des villes ifrîqiyiennes.
Dans la ville de Tripoli, la famille Ibn Matruh qui n'avait pas perdu de son prestige politique et religieux au milieu des populations, ne tarda pas à prendre le devant de la révolte contre le régime de la Sicile, bien qu'il gouvernât sous la domination des siciliens. En profitant de la présence de la population musulmane dans la ville, Abû Yahyâ Ibn Matruh, gouverneur de Roger II, réuni des notables de la ville et fit soulever la population contre les chrétiens "qu'il fait périr par le feu" selon Ibn Khaldûn (19).
La révolte d'Ibn Matrûh, avant la conquête almohade était rentable politiquement auprès du calife cAbd al-Mu'min qui l'avait nommé gouverneur de Tripoli, dans laquelle il avait établi son autorité jusqu'à sa démission pour faire le pèlerinage à la Mecque en 586 H/ 1190 ap.J.C et s'installer à Alexandrie (20).
Dans la ville de Sfax, les fonctions du gouverneur étaient entre les mains de cUmar Ibn Abî al-Hasan al-Faryânî, dont le père était un otage en Sicile pour s'assurer de la loyauté du gouverneur au roi de la Sicile. Ibn Khaldûn rapporte une remarque importante sur le système d'organisation politique sicilien dans les villes de l'Ifrîqiya: "Nous devons toutefois faire observer que, repartant pour la Sicile, il emmena avec lui le père de cet homme en qualité d'otage". "Tel fut le système suivit par Roger à l'égard de ses conquêtes africaines; il autorisait les vaincus à y rester; il leur donnait des concitoyens pour chefs, et dans ses rapports avec eux, il se conduisit toujours selon les règles de la justice" (21).
La révolte de cUmar Ibn Abî al-Hasan était attribuée aux conditions des musulmans sous l'autorité des chrétiens domiciliés à Sfax. Ibn Khaldûn signale que les habitants de la ville était opprimés, ce qui avait poussé le père de cUmar à demander à son fils de se révolter en 551 H/ 1156 ap.J.C. La révolte de Sfax et la mort du père du gouverneur en Sicile avait provoqué un soulèvement des autres villes maritimes de l'Ifrîqiya (22). Comme tout gouverneur qui avait mené la lutte contre les chrétiens, cUmar Ibn Abî al-Hasan avait conservé son autorité dans la ville sous les Almohades. La révolte de cUmar était l'exemple qu'avait suivi Mohamed Ibn Râshid à Gabès et les habitants de Zawîla.
b-La conquête almohade.
L'Echec du projet Normand a été dû aux coups des guerriers venu du Maghrib. Les Almohades (les unitaires, al-Muwahidûn) ont mis fin à la dynastie almoravide au Maghrib al-Aqsâ, en Andalousie et au royaume hammadîde de Bougie. Le chef cAbd al-Mu'min avait pris Tunis en appliquant la politique de la conversion ou la mort: "Les juifs et les chrétiens qui se trouvaient dans la ville eurent le choix entre l'adoption de l'Islâm ou la mort. Une partie se fit musulman et le reste fut mis à mort" (23).
Cette radicalisation de l'Islâm en Afrique du Nord à l'époque des Almohades et l'application de l'Islâm classique avec un enthousiasme et zèle était la conséquence directe de la structure et du dogme du mouvement d'Ibn Tûmart. L'idéologue du mouvement et les califes mu'minides ont refusé tout compromis avec les autres religions ou cultures comme leurs prédécesseurs les Almoravides, les Zîrîdes et les Hammadîdes. Dans la pratique, et après un siège de six mois, le dernier bastion de la chrétienté de l'Afrique du Nord où les Normands ont expérimenté le "protectorat" tombe aux mains des Almohades qui ont refusé de traiter avec les assiégés tant qu’ils ne se font pas musulmans.
La guerre a éclaté entre la Sicile et Constantinople vers 544 H/ 1145-50 ap.J.C. Elle avait duré pendant deux années, pendant lesquelles le roi Roger de Sicile avait cessé provisoirement son projet en Ifrîqiya. Sans cet événement, au dire d'Ibn al-Atîr "Roger se serait emparé de toute l'Ifrîqiya" (24). Même si les victoires militaires ont été pour les siciliens, la guerre avec Constantinople avait ralenti George dans son entreprise de conquérir toute l'Ifrîqiya, comme le juge Ibn al-Atîr par cette remarque comparative: "Ce fut George, vizir du seigneur de la Sicile, qui fit éprouver cet échec aux Grecs, ainsi qu'il en avait déjà fait éprouver aux musulmans de l'Afrique" (25).
En effet, la conquête de la ville de Mahdiyya avait obligé les chrétiens de suivre l'armée de Roger II vers la Sicile et la partie qui avait choisi de rester sur le sol de l'Afrique du Nord avait regagné le sud de l'Ifrîqiya pour constituer des communautés minuscules sans apports ni influence religieuse.
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(1)-IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., II, op.cit., pp., 5 à 9. Selon l'auteur d'al-cIbar: "A l'époque où Abû Yazîd eut presque anéanti la puissance des Fatîmides à Qayrawân et à al-Mahdiya, Zîrî attaqua les kharijites, partisans du chef rebelle, et, tout en les harcelant, il fit passer des secours aux fâtimides enfermés dans al-Mahdiya. Il rendait ainsi à cette dynastie un service qu'elle n'oublia pas."
(2)-Ibn Khaldûn souligne que: "Quand Al-Muciz se disposa à partir pour l'Orient, il tourna son attention vers les états qu'il allait quitter, et chercha parmi les grands officiers de l'empire un homme fidèle et capable, partisan dévoué de la secte shicite, auquel il pourrait confier le gouvernement du Maghreb et de l'Ifrîqiya. Son choix tomba sur Bûlûghîn, fils de Zîrî b. Manâd. Ce chef, dont la famille s'était attachée, depuis longtemps, au service des Fâtimides..." IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., II, op.cit., p., 9.
(3)-Sur ces émirs zîrîdes voir IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., II, op.cit., pp., 9 à 17.
(4)-IBN KHALDÛN cAbd al-Rahmân, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes...., T., II, op.cit., p., 21.
(5)-Ibid., pp., 20-21.
(6)-Ibid., pp., 21-23.
(7)-Ibid., p., 26.
(8)- Ibid., p., 26.
-IBN AL-ATÎR, Appendice..., T., II, op.cit., p., 578.
(9)-Ibid., p., 578.
(10)-IBN AL-ATÎR, Appendice. Extrait de l'ouvrage historique d'Ibn al-Atîr, Ibn Khaldûn cA., Histoire des Berbères...T., II, op.cit., pp., 579-580. L'auteur signale qu'après la pacification de la ville: "L'ordre se rétablit dans Tripoli; les Siciliens et les Rûm (Italiens) y firent de fréquents voyages; la population s'accrut rapidement et parvint à une grande prospérité".
(11)-IBN AL-ATÎR avait décrit cette catastrophe dans les termes suivants: "Toute l'Afrique septentrionale en souffrit horriblement, et surtout en l'an 542. A cette époque beaucoup de monde quitta les campagnes et les villes pour se réfugier en Sicile; une foule de malheureux mourut de faim, et on en vint à manger de la chair humaine" Appendice..., T., II, op.cit., pp., 581-582.
(12)-IBN AL-ATÎR, al-Kâmil fî al-Târîkh..., pp., 581-582.
(13)-Ibid., p., 586.
(14)-M., BRETT, "Muslim Justice under Rule. The Norman in Ifrîqiya 517-555 H/ 1123-1160", C.T., XXXXIII, N° 155-6, 1991, Actes du Congrès d'Histoire et de Civilisation du Maghreb, octobre 1989, "Le Maghreb et la Méditerranée: échanges et contacts", pp., 325-368.
(15)-IBN AL-ATÎR, Appendice..., T., II, op.cit., p., 583.
-CUOQ Joseph, L'Eglise d'Afrique..., op.cit., p., 170.
(16)-IBN AL-ATÎR, Appendice..., op.cit., pp., 582-583.
(17)-Ibid., pp., 582 sq.
(18)-Ibid., op.cit., p., 13.
(19)-IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., II, op.cit., pp., 37 à 38.
(20)-IBN AL-ATÎR, al-Kâmil fî al-Târîkh..., op.cit., p., 587.
(21)-IBN AL-ATÎR nous informe que:" Roger avait d'abord offert le commandement de Sfax au père de celui-ci, homme d'une sainteté de mœurs, et, comme il refusa de l'accepter, en prétextant son incapacité et la faiblesse de l'âge, il l'emmena en Sicile pour servir d'otage..."
(22)-IBN AL-ATÎR, al-Kâmil fî al-Târîkh..., op.cit., 38-39.
-IBN AL-ATÎR, Appendice..., op.cit., p., 587. L'auteur rapporte les propos d'Abû al-Hasan qui avait dit à son fils: "Je suis vieux et j'approche du terme de la vie; profite donc de la première occasion pour t'insurger, et n'aie point égard à la puissance de l'ennemi. Ne t'inquiète pas non plus de moi, agis comme si j'étais déjà mort".
(23)-Ibid., pp., 588-589.
(24)-CUOQ Joseph, L'Eglise d'Afrique..., op.cit., p., 171.
(25)-IBN AL-ATÎR, Appendice..., op.cit., p., 584-585.