25 Juillet 2010
Après avoir essayé plusieurs fois de partir chez les Sarrasins, François réussit enfin, en accompagnant la cinquième croisade, à parvenir auprès du sultan d'Egypte. La rencontre des deux hommes est entourée de légende, mais les textes traduisent bien la mentalité du temps.
François fut arrêté par les gardes avant même d'arriver au Sultan, accablé d'injures et de coups, mais il ne frémit pas; on le menace de mort, il ne se trouble pas; on lui promet le supplice, il ne s'émeut pas. Après avoir été le jouet de tant de haine, il fut enfin reçu avec beaucoup de courtoisie par le sultan qui lui donna tous les signes de faveur et lui offrit de nombreux cadeaux pour essayer de fléchir ainsi son âme vers les richesses d u monde. Mais à constater que François repoussait énergiquement tous ces biens, il demeura stupéfait, le regardant omme un homme extraordinaire; il l'écoutait volontiers et se sentait pénétré de sa parole. Mais ici encore le Seigneur refusa d'exaucer les désirs du saint (le martyre).
Thomas de CELANO, Vita P rima, 20,57, trad. OBREUX dans MILLOT op. cit. p, 251.
Le Sultanl lui posa une nouvelle question:" Votre Seigneur, dit-il, vous a enseigné dans ses évangiles que vous ne deviez pas rendre le mal pour le mal, et aussi d’abandonner le manteau… Alors les chrétiens devraient-ils bien ne pas envahir mes États, n'est-ce pas?" Le bienheureux répondit: "Vous ne semblez pas avoir lu I’ Évangile de Notre Seigneur le Christ tout entier; car il est dit par ailleurs:" Si ton œil te scandalise arrache-le et jette-le loin de toi..." ll a donc voulu par là nous enseigner qu'il n'est homme qui nous soit si cher ou si proche parent, quand bien même nous serait-il aussi précieux que notre œil, s'il paraît se détourner de la foi et de I’ amour de Notre Seigneur, nous devons nous en séparer, l'arracher le rejeter loin de nous. C’est pourquoi les chrétiens ont eu raison d’envahir les terres que vous occupez parce que vous avez blasphémé le nom du Christ et que vous avez soustrait à son culte tous ceux que vous avez pu. Mais si vous vouliez connaître notre Créateur et Notre Rédempteur, les confesser et leur rendre hommage, les chrétiens vous chériraient comme ils se chérissent entre eux." Tous les assistants s’émerveillèrent de ses réponses.
Récit du Frère illuminé qui accompagnait François rapporté par saint Bonaventure le ministre général de l’ordre de 1256 à 1274, trad. A. MASSERON dans MILLOT op. cit., p, 252.