13 Mai 2009
Chronologie des événements au Maghreb sous les Idrissîdes
Extrait d'al-Anîs al-Mutrib bi-Rad al-Qirtâs fî Akhbâr Mulûk al-Maghrib wa Târîkh madînati Fâs
De l'an 208 à l'an 240 (823 à 861 J. C.) consécutivement, il y eut grande abondance dans le Maghreb ; à Fès, le prix moyen du blé fut, durant cette période, de trois drahems (دراهم) la charge. 232 (846 J. C.). Grande sécheresse dans l'Andalousie; les animaux, les arbres, les figuiers et les vignes périrent. - Les sauterelles dévastèrent les campagnes. - Mort de l'imam Abd er-Rahman ben el-Hakem (عبد الرحمان بن الحكم). 237 (831 J. C.). Un muezzin des environs de Tlemcen (تلمسان), se disant prophète et changeant, à son gré, le vrai sens du Koran (القرآن), parvint à rassembler parmi les mauvais sujets un grand nombre de prosélytes. Entre autres préceptes, la nouvelle loi défendait de se couper les cheveux et les ongles, de s'épiler et de porter des ornements, disant qu'il ne fallait, rien Changer aux créatures de Dieu. L'émir de Tlemcen donna l'ordre d'arrêter ce faux prophète, qui prit aussitôt la fuite et parvint à gagner le port de Honein (حنين) (entre Oran et Nemours), où il s'embarqua. Étant passé en Andalousie, il continua à prêcher sa doctrine, et réussit encore à former un nombreux parti de toutes sortes de gens. Enfin le roi de l'Andalousie le fi t prendre, et après l'avoir vainement engagé à abjurer ses erreurs, le condamna à être crucifié ; le muezzin supporta le supplice et mourut eu répétant : Tuerez-vous un homme parce qu'il dit : Dieu est mon Seigneur ! 253 à 265, (867 à 878 J. C.). Grande disette et longue sécheresse qui désolent les pays de l'Andalousie et de l'Adoua (العدوة). 254 (868 J. C.). Éclipse totale de lune pendant une grande partie de la nuit. 260 (873 J. C.). Disette générale dans tout le Maghreb, en Andalousie, en Afrique, en Égypte et dans Hedjaz (الحجاز). Les habitants de la Mecque eux mêmes durent aller chercher leur, subsistance en Syrie, et leur ville resta presque entièrement déserte. La kâaba (الكعبة) fut fermée pendant quelque temps. Dans le Maghreb et l'Andalousie il y eut de plus urne forte peste, qui fut, ainsi que la famine, un très-grand nombre de victimes. 266 (879 J. C.). Dans la nuit du neuvième jour avant la fi n du mois de safar (21 safar), une magnifique rougeur (aurore boréale) apparut sur le ciel et dura toute la nuit. Jamais on n'avait, vu un pareil phénomène. 267 (880 J. C.). Dans la nuit du jeudi 29 chouel (شوال) il y eut un terrible tremblement de terre, comme on n'en avait jamais ressenti de mémoire d'homme. Les palais furent détruits jusque dans leurs fondements. Les habitants des villes s'enfuirent dans les campagnes, et la plupart des maisons furent renversées. Les oiseaux eux-mêmes, abandonnant leurs nids et leurs petits, se tinrent dans les airs jusqu'à la fi n du désastre. Les secousses les plus violentes se firent, sentir en même temps dans l'Adoua, depuis Tlemcen jusqu'à Tanger (طنجة), dans toute l'Andalousie, dans les montagnes aussi bien que dans les plaines de tous les pays compris entre la mer El-Chamy (البحر الشامي) (mer de Syrie, Méditerranée) et le Maghreb el-Aksa (المغرب الأقصى) (extrême occident); néanmoins personne ne périt, tant est grande la bonté de Dieu pour ses créatures. 273 (886 J. C.). Mort de l'imam Mohammed ben Abd er-Rahman ben Abd el-Hakim (الإمام محمد بن عبد الرحمان بن عبد الحكم); il est remplacé par son fils El-Moundhîr (المنذر) 276 (889 J. C.). Les troubles et la discorde désolent l'Andalousie, le Maghreb et l'Afrique. 287 (900 J. C.). Il y eut, cette année-là, une horrible famille dans l'Andalousie et le Maghreb, où l'on vit les hommes se manger entre eux. A ce fléau succédèrent bientôt la peste et les maladies, qui firent d'innombrables victimes. Les cadavres étaient jetés pêle-mêle dans une même fosse, sans qu'il fût possible de les laver ou seulement de réciter sur eux les prières des morts. 299 (911 J. C.). Éclipse totale de soleil, le mercredi 29 chouel ; le soleil s'obscurcit après la prière de l'Asser (العصر), et un grand nombre de personnes, entendant l'Adhen (الآذان) (chant du muezzin, accoururent dans les mosquées pour faire la prière du Maghreb (prière du soir). Bientôt le disque du soleil fut entièrement couvert et les étoiles brillèrent. Puis le soleil reparut et resta encore une demi-tiers d'heure (dix minutes) avant de se coucher, et le peuple, reconnaissant son erreur, recommença l'Adhen et la prière du soir. 296 (908 J. C.). El-Chyhy subjugue l'Ifrîkya et en chasse les Beni Ghâleb dont il renverse le gouvernement. 297 (909 J. C.). Le même El-Chyhy proclame l'Ifrîkya indépendante des Abassides, s'intitule émir des Croyants et fait, comme tel, prier pour lui dans les khotbahs ; il se donne le surnom de Mehdy. C'est lui qui, le premier, fi t battre monnaie. 303 (915 J. C.). Grands troubles en Andalousie, dans l'Adoua et en Ifrîkya, auxquels succède une famine semblable à celle de l'an 260. Jamais peuple ne souffrit d'une faim pareille. Un moud de blé se vendait trois dinars! La mortalité fut si grande qu'on ne put même plus ensevelir les cadavres. 305 (917 J. C.). Senet el-Nahr (l'année du feu) fut ainsi nommée parce que l'incendie détruisit presqu'en même temps, dans le mois de chouel, les bazars de la ville de Teheret, capitale des Zenèta, les bazars de Fès, les jardins de Mekenès et les bazars de Cordoue. 307 (919 J. C.). Grande abondance dans le Maghreb, en Andalousie et en Ifrîkya; malheureusement la peste fi t encore de grands ravages, et dans l'Adoua un épouvantable coup de vent déracina les arbres et renversa plusieurs édifices de Fès. Le peuple, terrifié, accourut dans les mosquées pour implorer la miséricorde de Dieu, et on ne se livra qu'aux bonnes oeuvres. 313 (925 J. C.). Moussa ben Aby el-Afya S'empare de Fès et soumet tout le Maghreb à sa domination. 323 (934 J. C.). Le kaïd Mysour prend Fès d'assaut et fait périr trois mille habitants ; il s'empare également, les armes à la main, de Ouarzigha et Ghousedja, villes du pays de Mekenèsa, qui étaient défendues par plus de sept mille soldats qu'il extermina. 327 (938 J. C.). Année de nuage. Le soleil est obscurci pendant cinq jours consécutifs, et, les brouillards sont si épais qu'on ne voit. que la place que l'on occupe. Le peuple, effrayé, fait des aumônes et des bonnes oeuvres, et Dieu disperse les nuages. 328 (944 J. C.).Mort de Moussa ben Aby el-Afya, maître de tout le pays de Mekenèsa. 333 (960 J. C.). Abou Zyd Moûkhalled ben Kydâd el-Yfrany s'empare de la ville de Kairouan- et de toute l'Ifrîkya. 349 (960 J. C.). Djouhar, kaïd d'El-Chyhy, prend d'assaut la ville de Fès, dont il massacre un grand nombre d'habitants, et emmène les cheikhs prisonniers en Ifrîkya. Il s'empare également de Sidjilmessa et renverse la dynastie des Beny Medrâr ; dans cette même année, Abd er-Rahman el-Nasser se rend maître de Ceuta et de Tanger, qu'il fait réparer et en partie reconstruire: quelques-uns rapportent cet événement en l'an 319. 325 (936 J. C.). Un homme nommé Hamym, se disant prophète, surgit dans les montagnes de Ghoumâra, et parvint à convertir à sa religion un grand nombre des habitants de ce pays. Hamym prescrivait à ses prosélytes de faire deux prières par jour, la première au lever du soleil, l'autre au coucher ; de faire trois rikha (prosternations) dans chacune ; de pleurer en priant, et de mettre les mains entre la face et la terre, en se prosternant. Il fi t aussi un Koran (une lecture), que l'on devait réciter après l'invocation suivante : «Délivre moi du pêché, ô toi qui permets aux yeux de voir l'univers ! Délivre-moi du péché, ô toi qui tiras Jonas du ventre du poisson et Moise de la mer !» Et chaque rikha, il fallait dire : «Je crois en Hamym et en son compagnon Aby Ykhelaf, et je crois en Talya, tante de Hamym !» Or la femme Talya était une magicienne. Hamym ordonnait le jeûne les mardi, jeudi et vendredi de chaque semaine; dix jours dans le mois de ramadhan et deux jours dans le mois de chouel. Celui qui, sans nécessité, n'observait pas le jeûne du jeudi, était obligé de. faire une aumône de trois taureaux, et une amende de deux taureaux était imposée à celui qui mangeait le mardi. Hamym prescrivait l'aumône et fi xait la dîme au dixième de tout, ce que l'on possédait. Il supprimait le pèlerinage, les ablutions et la purifi cation après l'acte conjugal. Il permettait de manger la femelle du porc ; «car, disait-il, Mohammed a défendu le porc, mais non pas la femelle du porc.» Il défendait le poisson mort sans être égorgé, ainsi que les oeufs et la tête de toutes espèces d'animaux. Tout cela donna aux Chrétiens de l'Andalousie sujet de se moquer et de blâmer le gouvernement, qui, ouvrant enfi n les yeux, fi t prendre et crucifier le faux prophète au Ksar Mesmouda. La tête de Hamym fut envoyée à Cordoue, et tous ses sectateurs revinrent à l'islam. 339 (950 J. C.). L'hiver fut des plus rigoureux. Il tomba des grêlons pesant jusqu'à une livre chacun. Les oiseaux, les animaux sauvages et domestiques, et bon nombre de personnes moururent de froid. Les arbres fruitiers et les autres plantes furent gelés, et il s'ensuivit une grande disette. 342 (953 J. C.). L'hiver est également fatal. Le froid tue les animaux et les arbres. fruitiers. Les pluies dépassent les besoins du pays. Tout le Maghreb est sillonné par d'impétueux torrents ; grandes tempêtes successives, les éclairs et la foudre font place à un vent violent qui renverse les constructions les plus fortes. 344 (955 J. C.): La peste fait de grands ravages en Andalousie et dans le Maghreb. El-Nasser Ledyn Illah se rend maître de la ville de Tlemcen, faisant partie de l'Adoua. 350 (961 J. C.). Mort d'Abd er-Rahman el--Nasser Ledyn Illah. 355 (965 J. C.). Violent coup de vent qui déracine les arbres, renverse les maisons et emporte les hommes. - Dans la treizième nuit du mois de radjeb, une comète apparaît sur la mer, sa chevelure resplendissante s'élève comme une colonne magnifi que, qui éclaire la nuit de sa lumière et la rend semblable à la nuit d'El-Kadr; sa clarté est comme celle du jour. - Dans le même mois, éclipse de soleil et éclipse de lune, la première le 28, l'autre le 14. 358 (970 J. C.). Conquête de l'Égypte, par El-Chyhy. 361 (971 J. C.). Fléau des sauterelles dans le Maghreb. 362 (972 J. C.). Entrée des Zenèta el-Maghraoua dans le Maghreb. Mort du cheikh, le juste et vertueux fekhy Abou Mymoun Drar ben Ismaël. 363 (973 J. C.). Mort de Mâdh ben Ismaël el-Chyhy, roi d'Égypte et d'Ifrîkya. 366 (976 J. C.). Mort d'El-Hakym el-Moustansyr, roi de l'Andalousie. Il est remplacé par son fils Hachem el-Mouïd, âgé de dix ans. 368 (978 J. C.). Conquête de la ville de Louata par Yaly ben Zyd el-Yfrany. 369 (979 J. C.). Belkhyn ben Zyry entre dans le Maghreb, marche sur Fès, s'en empare, fait mourir les deux gouverneurs Mohammed ben Aby Aly ben Kchouch, qui commandait l'Adoua el-Kairaouyn, et Abd el-Kerym ben Thalabah, commandant l'Adoua el-Andalous. Il passa ensuite en Afrique par Ceuta. 368 (978 J. C.). Zyd ben Athya soumet les Kabyles Zenèta à sa domination. 375 (985 J. C.). Askélâdja passe de l'Andalousie en Afrique, prend Fès d'assaut et y établit la souveraineté des Ommyades, à l'exception de l'Adoua el-Kairaouyn, qui demeure au pouvoir de Mohammed ben Amer el-Mekenèsy, kaïd des Obéïdes, jusqu'en 379. A cette époque, Aby Byach Ythouth ben Belkyn el-Maghraoua, s'étant emparé les armes à la main de l'Adoua el-Kairaouyn, fi t périr le gouverneur Mohammed ben Amer, et y établit également la souveraineté des Ommyades. 377 (987 J. C.). Fléau de sauterelles dans tout le Maghreb. 378 (988 J. C.). Pluies torrentielles, débordement des rivières et des fleuves. 379 (989 J. C.). Le vent d'est souffl e avec violence pendant six mois consécutifs, et, aussitôt après, la peste et les maladies sévissent sur le Maghreb. 380 (990 J. C.). Grande abondance dans le Maghreb, au point qu'on ne trouvait à qui vendre les récoltes, et que dans beaucoup d'endroits on ne se donna même pas la peine de moissonner. Chronologie des événements des Almoravides (462 à 540)
Les Lemtouna étaient un peuple des campagnes, religieux et honnête; ils surent conquérir un immense empire en Andalousie et au Maghreb, dont ils régularisèrent le gouvernement, et ils fi rent la guerre sainte. Ben Djenoun rapporte que les Lemtouna étaient religieux, charitables, justes, et que leur culte était pur ; qu'ils gouvernèrent l'Andalousie depuis le pays des Francs jusqu'à l'Océan, et le Maghreb depuis la ville de Bedjaïa jusqu'au Djebel el-Dheb du Soudan. .Leur règne fut tranquille et ne fut troublé par aucune révolte, ni dans les villes, ni dans les campagnes ; on fi t les khotbah en leur nom dans plus de deux mille chaires. Leurs jours furent heureux, prospères et tranquilles, et durant leur période l'abondance et le bon marché firent tels, que pour un demi-ducat on avait quatre charges de blé, et que les autres grains ne se vendaient ni ne s'achetaient: Il n'y avait ni tribut, ni impôt, ni contribution pour le gouvernement, si ce n'est l'aumône et la dîme. La prospérité s'augmenta toujours, le pays se peupla, et chacun put s'occuper librement de ses propres, affaires. Leur règne fut exempt de mensonge, de fraude et de révolte, et ils furent chéris par tout le monde jusqu'au moment où El-Mehedy, l'Almohade, se leva contre eux en 515. Les dates remarquables de leur époque furent les suivantes : 462 (1069 J. C. ), conquête de Fès et prise, du gouvernement du Maghreb. 463 (1070 J. C.) , conquête des forteresses Ouatat du pays de la Moulouïa. 464 (1071 J. C.), mort d'El-Moutamed ben Abbed ben el-Khady Mohammed ben Ismaël Abbed, roi de Séville, auquel succéda son fils Mohammed ben Moutamed ben Abbed. 465 (1072 J. C.), Youssef ben Tachefyn conquit Sedareta et Sofrou. 467 (1074 J. C.), au mois dou'l-hidja, apparition d'une comète au Maghreb. - Youssef ben Tachefyn prit d'assaut la ville de Tahadart, prés de la Moulouïa, et tua son émir Kassem ben Aby el-Afya, dont il détruisit l'armée jusqu'au dernier homme ; il s'empara aussi du gouvernement de Tanger; mort de l'émir de cette ville, Sarkout el-Berghouaty. 471 (1078 J. C.), éclipse totale de soleil, le lundi à l'heure du Zouel (vers dix heures du matin), vingt-huitième jour du mois; jamais on n'avait vu une éclipse pareille. - Alphonse conquit la ville de Couria, dont il chassa les Musulmans. 472 (1079 J. C.), conquête d'Oudjda et des montagnes environnantes par Youssef. - Au mois de, raby el-tâny, un épouvantable tremblement de terre, comme jamais on n'en avait ressenti au Maghreb, renversa les tours, les minarets et les édifices, et une infinité de personnes périrent sous les ruines ; les secousses se répétèrent nuit et jour depuis le premier de raby elaouel jusqu'au dernier jour de djoumad el-tâny.- Au mois de dou'l-kaâda le peuple de Tolède se souleva contre son émir, El-Kadyr ben Danoun, dont il massacra les ministres et la plus grande partie des gardes. El-Kadyr ne dut son salut qu'à la fuite, et il emmena avec lui ses femmes jusqu'au fort Kanaka, où il se réfugia. 474 (1081 J. C. ), prise de la ville de Tlemcen par Youssef. - Mort du fekhy El-Haffyd (zélé) Abou Thaleb Mekky, inspecteur des marchés et chef des préteurs de Cordoue. - Naissance du kady Abou Abd Allah Mohammed el-Asbagh, connu sous le nom de Ben Menâsef, auteur du poème de l'Arjouaza. - En djoumad el-aouel, mort du Mokaddem Abou Djafar ben Houd, émir de Saragosse; son fi ls Youssef el-Moutamed lui succéda. 497 (1103 J. C.), mort du fekhy El-Haffyd Abou Abd Allah Mohammed el-Thaleb, auteur de plusieurs ouvrages. L'auteur du livre intitulé El-Techaouif raconte que Abou Djabel mourut en 503, et qu'il fut enterré dans le monastère situé au sortir de la porte Yasilyten de Fès. Abou Djabel fut un grand sage qui vit au Caire Abou el-Fadhl Abd Allah ben Hassan el- Djouhâry. Il était boucher de profession ; son teint était noir, mais ses traits étaient réguliers et pleins de sincérité ; cœur pur, vertueux et craignant Dieu. On raconte que le Kadhyr (à lui salut !) lui apparut quarante ans après qu'il se fut entièrement voué à Dieu, pour lui annoncer que le Très-Haut avait désigné sa place parmi les Abdâl, qui sont les colonnes de la Foi. Abou Djabel est célèbre par ses longs voyages. 514 (1120 J. C.), El-Mehdy paraît au Maghreb et rencontre Abd el-Moumen ben Aly, qu'il s'adjoint sur la route du Levant. 519 (1125 J. C.), affaiblissement des Lemtouna. dont la dispersion commence ; défaits par El-Mehdy et les Almohades venus du Djebel Deren, ils perdirent leur puissance en Andalousie, et bientôt ils ne purent se soutenir nulle part ; les Almohades, s'agrandissant de plus en plus, leur enlèvent toutes leurs possessions. 521 (1127 J. C.), et le 19 raby el-aouel, mort du kady le fekhy Abou el-Oualyd el-Badjy, à Séville, où il n'exerçait déjà plus ses fonctions. 539 (1144 J. C.), le kady Ben Hamyd chasse les Almoravides de Cordoue avec l'aide du peuple.
Chronologie des événements sous les Almohades La première chose mémorable fut l'avènement de Mehdy en 516 (1121 J. C.), sa proclamation et, l'apparition des Almohades qui ne cessèrent de briller et de fortifier leur gouvernement. En 524 (1130 J. C.), El-Mehdy mourut, et les Almohades proclamèrent la souveraineté d'Ald el-Moumen ben Aly. En 528 (1134 J. C.), Abd el-Moumen s'empara du Drâa de Tedla, de la ville de Salé et des pays de Taza, et il prit le titre d'émir des Musulmans. En 529 (1135 J. C.), il ordonna de bâtir la ville de Rabat-Taza, qui fut construite et fortifiée d'une enceinte de murailles. En 537 (1142 J. C), les Almohades conquirent Xérès, et le khotbah y fut fait en leur nom. Ben Razyn et Ben Hamdyn, kady de Cordoue, se soulevèrent contre les Almoravides, qu'ils expulsèrent. En 539 (1144 J. C.), l'armée Almohade passa en Andalousie et s'empara de Tarifa et d'Algérisas, d'où les Almoravides prirent la fuite. En 540 (1145 J. C.), Aly ben Ayssa ben Mymoun le Lemtouny renversa les idoles des Saints ; les Almohades conquirent Malaga, et les ennemis vinrent d'Alméria avec quatre-vingts vaisseaux sur lesquels ils s'en retournèrent après avoir incendié les jardins environnants. D'un autre côté, Abd el-Moumen s'empara des villes de Fès, Tlemcen, Oran et de tous leurs environs. Il fut proclamé par les habitants de Séville, qui expulsèrent les Almoravides de chez eux. Enfin, il fit construire les murs d'enceinte, les fortifications et la mosquée de Tagrart, près Tlemcen. En 541 (1146 J. C.), Abd el-Moumnen se rendit maître de Maroc, d'Aghmât, de tout le pays de Doukela, et enleva Tanger aux Almoravides qui l'occupaient et qui périrent tous. Ce fut la lin, du règne des Almoravides dans tout le Maghreb et en Andalousie. En 543 (1148 J. C.), l'émir des Musulmans conquit Sidjilmessa, Ceuta, et il fit son expédition contre les Berghouata. Les Almohades s'emparèrent de Cordoue, Carmouna et Jaën. A la fin de cette même année, les habitants de Ceuta se soulevèrent contre les Almohades, tuèrent et jetèrent au feu leur gouverneur. En 544 (1149 J. C), les Chrétiens s'emparèrent de Mehdia en Ifrîkya, et, en Andalousie, ils prirent les places de Lisbonne, Alméria, Tortose, Merida, Braga, Santarem et Santa Maria. Tous ces pays furent conquis sous le commandement de Ben Rezyn (que Dieu le maudisse!). Durant cette même année, Yhya ben Ghânya livra aux Chrétiens les villes d'Oubéda, de Baëza et tous les châteaux qui en dépendaient. En 545 (1150 J. C.), les Almohades s'emparèrent de Mekenès, qu'ils emportèrent d'assaut après l'avoir assiégée pendant sept ans. Ils massacrèrent la plupart des habitants, dont ils pillèrent les trésors et envahirent les harems; c'est à cette époque qu'ils bâtirent la ville de ce nom, qui existe encore aujourd'hui, et qu'ils abandonnèrent l'ancienne. En cette même année, Abd el-Moumen donna ordre d'amener l'eau de l'Aïn Ghaboula, à Salé. En 546 (1151 J. C.), Abd el-Moumen conquit les monts Ouancherich (Ouanseris), Meliâna, Almeria, Djezaïr des Beni Mezghanna et Bougie. En 547 (1152 J. C.), il s'empara des villes de Bône, Kosthyla (Touzer), Constantine, de la province de Bône, de tout le Djérid et du Zab africain. En cette même année, les Almohades enlevèrent aux Chrétiens Alméria, Oubéda et Baëza, dont les Musulmans prirent le gouvernement. En 549 (1154 J. C.); ils s'emparèrent de Niebla en Andalousie, à l'assaut, et ils massacrèrent toute la garnison, dont ils enlevèrent les harems et les trésors. Ce fut une très-grosse affaire. En 550 (1155 J. C.), ils s'emparèrent de Grenade, dont les habitants se révoltèrent ensuite, et les en chassèrent. Ils n'y rentrèrent qu'en 552, après un très-long siège En 553 (1158 J. C.), Abd el-Moumen se rendit maître de Tunis, Sousa, Gabès, El-Kayrouan, Sfax. Tripoli du Midi et de la Mehdïa, qu'il enleva aux Chrétiens. En 556 (1161 J. C.), il donna ordre de bâtir la forteresse de Gibraltar, et l'ordre fut exécuté. En 558 (1163 J. C.), mort, d'Abd el-Moumen et avènement de son fils Youssef. En 559 (1163-1164 J. C.), révolte de Ben Derâ dans la province de Ghoumara. En 560 (1164 J. C:), expédition du Djelab, dans laquelle périrent un grand nombre de Chrétiens. En 564 (1168 J. C.) , mort du cheïkh le fekhy, le saint Abou Omar Othmân ben Abd Allah el-Seladjy el-Assouly, auteur d'El-Bourhanya (preuves évidentes) et imam du Maghreb dans la science de la religion. En cette même armée il y eut une grande inondation à Séville. En 566 (1170 J. C.), l'émir Youssef donna ordre de construire le pont du Tensyft, et il fut construit. En 567 (1171 J. C.), il fi t jeter le pont de bateaux du fl euve de Séville, et il fit bâtir la kasbah de cette capitale et les murs inclinés qui l'entourent. Cette même année mourut Mohammed ben Sad ben Merdnych, maître de l'Orient de l'Andalousie, et les Almohades s'emparèrent de Valence, de Xativa, de Denia et de tout son gouvernement. En 568 (1172 J. C.), le 12 chouel, il y eut un grand tremblement de terre général, qui détruisit la plus grande partie des villes de Syrie, du Maghreb, du Mossoul, de Djzyra et de l'Irak; mais ce fut surtout en Syrie que les secousses furent terribles il périt en cette occasion une multitude de personnes, au point que les habitants eurent peur des Francs, à la vue des ruines et du grand nombre de morts. C'est en cette année-là qu'Abou Berdha (l'homme à la selle), le Chrétien, fut battu et tué, ainsi que tous ses soldats, par les Almohades. En 569 (1173 J. C.), à la fin de châaban, mourut le cheikh, le docteur, le saint, Abou el-Hassen Aly ben Ismaël ben Mohammed ben Abd Allah ben Harzahîm ben Zyan ben Youssef ben Choumrân ben Haffs ben el-Hassan ben Mohammed ben Abd Allah ben Omar ben Othman ben Ofân (que Dieu l'agrée !), et il fut enterré au sortir du Bab El-Fetouh de la ville de Fès. C'était un illustre docteur, méprisant les choses de ce monde, et entièrement voué à la vie monastique. Voici ce qui fut raconté à son sujet par son serviteur, nommé Abou Karn : «Un jour le cheïkh Abou el-Hassen ben Harzahîm, après avoir appelé sur moi le pardon et la grâce de Dieu, me dit : J'ai vu en songe le maître de la gloire, qui m'a dit : Ô Aly, demande ce que tu désires. - J'ai répondu : Ô Seigneur, je te demande le pardon de mes fautes, une bonne santé et le salut en religion, dans ce monde et dans l'autre. - Dieu m'a répondu : Tes vœux sont exaucés; et c'est pour cela que, n'ayant plus à m'inquiéter de ces bienfaits pour moi-même, j'ai prié pour te les mériter aussi.» Au commencement du mois de châaban, il dit à un de ses serviteurs : «Je ne jeûnerai point avec les fidèles au prochain ramadhan. Cependant il continua à se bien porter jusqu'à la fi n du mois, mais ses paroles furent prophétiques ; il tomba malade et mourut le 30 de châaban, veille du ramadhan, Ce jour-là, il se leva comme d'habitude, se parfuma, et après il dit à son domestique : «Ce sont là tes derniers services auprès de moi.» Il rentra dans sa chambre, pria deux fois, et il se coucha sur son tapis. Lorsque l'heure de la prière du Douour fut venue, son serviteur entra pour le réveiller, et il le trouva mort. En 570 (1174 J. C.), mort du fehky. le cheïkh, le vertueux, Abou Chaïb Yacoub ben Saïd El-Sennadjy, connu sous le nom d'El-Sarya (la colonne), parce que, lorsqu'il priait, il se tenait debout et immobile pendant un temps infini. Quelques-uns disent qu'il fut du nombre des Abdâl (?). En 571 (1175 J. C.), la peste fit les plus grands ravages à Maroc. En 572 (1176 J. C.), mort du fekhy, le kady, Abou Yacoub el-Hadjâdj. C'est à cette époque que l'émir Youssef disgracia son frère Hassen, qui lui adressa quelques vers qui lui valurent sort pardon et le gouvernement de Cordoue. En chouel de ladite année, s'éteignit l'étoile polaire de l'époque, l'admiration de son siècle, Abou Yaza el-Nour ben Mymoun ben Abd Allah el-Azmyry, de la tribu des Beni Sabyh d'Askoûra. Il mourut âgé de cent trente ans; après être resté pendant vingt ans solitaire et entièrement dévoué à Dieu, dans la montagne qui est au-dessus de Tynmâl, il vint sur 1e rivage, où il vécut seul pendant dix-huit ans, ne mangeant que de l'herbe et des racines. Il était noir cuivré, grand et maigre, vêtu d'une tunique en feuilles de palmier, d'un burnous tout rapiécé et coiffé d'une chéchia en joncs. |
En 573 (1177 J. C.), le docteur célèbre Abou Mohammed Abd Allah ben el-Melky, cheïkh des tholbas de son époque, mourut dans le mois dou'l hidjiâ, et l'émir des Musulmans, Youssef, assista lui-même à ses funérailles.
En 578 (1182. J. C.) mourut le cheïkh vertueux, Abou Moussa Ayssa ben Amrân, kady du Maroc, qui fut remplacé par Abou el-Abbès ben Moundhyr, de Cordoue. Le kady Abou Amrân fut un des hommes remarquables de l'époque par ses belles qualités et sa charité ; il écrivait parfaitement, comme l'atteste cette lettre qu'il adressait à son fils, qu'il avait envoyé tout jeune, à peine pubère, à Fès : «A mon fils. (Que Dieu lui soit en aide, le conserve et le complète par la science et la vertu !) Je vous écris pour, vous exprimer la peine que je ressens de votre éloignement, que Dieu très-haut a décrété dans le courant des choses. O mon fils! quand je vous verrai, au milieu de ceux qui savent le Koran par cœur et qui cultivent les belles-lettres et les sciences, je vous ferai des présents qui dépasseront votre attente. Sachez que les imams réunis ont reconnu que le repos ne vient pas après le repos, et que la science ne s'acquiert pas dans l'oisiveté. Étudiez donc les lettres pour devenir savant ; exercez votre mémoire pour, la conserver, et lisez beaucoup pour élever votre esprit ; évitez la fréquentation des hommes vils ou nuls ; suivez les principes que l'opinion publique approuve, et évitez ceux qu'elle blâme. Votre meilleur indice sera toujours le terme moyen ; l'homme est là où son esprit le place. Travaillez donc à des œuvres salutaires. Adieu !» En cette même année, des Musulmans conquirent les villes de Chantafyla et, d'Akelych, où ils massacrèrent tous les Chrétiens, dont ils enlevèrent les femmes et les trésor. Mort du cheikh Abou Khazr Yakhlaf ben Khazr el-Ouaraby, illustre savant et vertueux personnage de la ville de Fès.
En 580 (1184 J. C.), mort de l'émir des Musulmans Youssef, et avènement de son fils El-Mansour. C'est dans cette même année, le vendredi 6 de châaban, qu'El-Mayorky entra à Bougie à l'heure de la prière, pendant que tous les fidèles étaient à la mosquée. Jusque-là les portes des villes ne se fermaient pas le vendredi. El-Mayorky, ayant attendu le moment où tous les fidèles étaient à la prière, entra dans la ville et fi t aussitôt cerner la grande mosquée par des cavaliers et des fantassins ; il accueillit ceux qui le proclamèrent et massacra les autres ; il demeura sept mois maître de Bougie avant. d'en être chassé. C'est à partir de cette époque que les Musulmans ont pris l'usage. De fermer les pontes, des villes chaque vendredi à l'heure de la prière.
En 584 (1188 J. C.), mort du Cheikh, le phénix de soit époque, Abou Medyan Chouayb ben el-Hassen el-Ansâry, originaire de Sathmâna, dépendance du gouvernement de Séville. Il mourut à Tlemcen et fut enterré au Djebel el-Abbed ; il n'avait d'autres occupations que la prière, à l'exemple d'Abo el-Hassen ben Harzhem; il suivit les préceptes du Sonna qu'Aby Ayssa el-Termydhy avait écrits pour Ben Ghâleb, et il apprit le Tsouf de Ben Abd Allah el-Doukkak. Ses derniers mots, au moment d'expirer, furent: «Dieu très-haut est durable et éternel !» Quelques auteurs donnent l'an 576 pour date de sa mort.
En 585 (1189 J. C.), El-Mansour fit arriver l'eau dans la ville du Maroc.
En 586 (1190 J. C.) , les Chrétiens enlevèrent les villes de Chelba, Badja et Bayra dans l'occident de l'Andalousie.
En 587 (1191 J. C.), les Musulmans s'emparèrent du château d'Aby Dânys.
En 591 (1195 J. C:), les Chrétiens furent défaits à la bataille d'Alarcos et y périrent par nombreux milliers.
En 593 (1197 J. C.), la ville de Rabat el-Fath fut construite et entourée de murs munis de portes. C'est en cette même année que furent construits : à Rabat el-Fath la mosquée et la tour d'Hassan, qui n'ont point été achevées; la mosquée et le minaret de Séville ; la mosquée El-Katebyn de Maroc, ainsi que la kasbah et la mosquée de cette ville.
Mort du cheikh, le savant docteur Abou Abd Allah Mohammed ben Brahim, né à la Mehdïa, auteur du livre El-Hédaya (les présents). Il arrivaà l'âge de quarante ans sans avoir jamais fait ses prières hors des mosquées.
Mort du fekhy vertueux Abou Abd Allah Mohammed ben Aly ben Abd el-Kerym el-F'endlaouy, à l'enterrement duquel l'émir des Musulmans assista. (Que Dieu lui fasse miséricorde !) Il fut du nombre des savants et célèbre entre les docteurs. Détaché de ce monde, il ne s'occupait que de l'autre, et il priait et jeûnait sans cesse pour combattre ses ennemis internes, au point qu'il ne restait que le squelette de sa personne. Il est, l'auteur de ces vers : «L'amour et les désirs ne m'ont rien laissé, rien que le souffle qui m'agite encore. Je suis insaisissable pour la mort elle-mime, et mon âme se traîne dans mon ombre !»
En 598 ( 1202 J. C.), le cheïkh, imam de la mosquée El-Kairaouyn, Abou Mohammed Ychekour el-Djourây, mourut dans la matinée du samedi 11 de dou'l kâada ; il était né à Tedla et mourut à Fès, où il résidait; il s'instruisit des doctrines d'Abou Khazr, et il suivit les cours d'Aby el-Reby, de Tlemcen, d'Abou el-Hassen ben Harzhem et d'Abou Yaza ; il était très-austère. Quand arrivait le ramadhan, il liait son lit et il ne cessait de prier durant toute la nuit, récitant le Koran d'un bout à l'autre d'un seul trait. Un jour, quelqu'un lui dit : «Quand donc te livreras-tu un peu au repos et accorderas-tu quelque chose au sommeil, comme tu devrais le faire ?» Il répondit : «C'est, bien ainsi que j'acquerrai le repos que je désire.» Et il récita ces vers: «Ne faites pas du ramadhan un mois de réjouissance, et ne vous livrez pas à la conversation ; apprenez que vous ne mériterez les grandes récompenses que lorsque, durant ce mois, vous veillerez la nuit et jeûnerez le jour.»
En 600 (1204 J. C.), les constructions et les réparations des murs de Fès s'achevèrent, ainsi que la porte El-Cheryah, à laquelle on plaça les battants. A cette époque, El-Obeïdy, s'étant révolté dans le Djebel Ourgha, fut pris et tué ; sa tête fut pendue au-dessus de la nouvelle porte El-Cheryah de Fès, et son corps fut brûlé au milieu de ladite porte le jour même où on l'achevait, et c'est ce qui lui a valu son nom de Bab el-Mahrouk (la porte
du brûlé).
En 601 (1205 J. C.), Yaïch, gouverneur chrétien, construisit dans le Rif les fortifications de la ville de Badès et celles de Mezemma et de Melilia, pour se mettre à l'abri des surprises de l'ennemi.
En 602 (1206 J. C. ), les Hafsides s'emparèrent du gouvernement de l'Ifrîkya.
En 604 (1208 J. C.), les fortifications de la ville de Oudjda furent refaites à neuf, et El-Nasser fit construire les lieux aux ablutions et les bassins situés à côté de la mosquée El-Andalous de Fès, et dans lesquels il fit venir l'eau de la source qui est en dehors du Bab el-Hadid. C'est à cette même époque que, furent construites la chapelle El-Kairaouyn, et la grande porte avec escalier qui donne sur la cour de ladite mosquée. El-Nasser tira du bit el-mal les sommes qui furent nécessaires à ces travaux.
En 608 (1211 J. C,.), mort du cheïkh, le saint Abou Abd Allah ben Hazyz, connu sous le nom de Ben Takhemyst, originaire de Fès; c'était un homme très-distingué et. vertueux, qui avait une écriture superbe et qui passait son temps .à copier des Korans pour les distribuer à ceux qui en avaient besoin, espérant ainsi mériter les grandes récompenses, il ne cessa d'étudier et de lire dans les écoles jusqu'à sa mort. C'est lui qui a fait ces vers : «Le savant ne meurt pas ; il vit encore lors même qu'il tombe en poussière sous terre. L'ignorant, au contraire, ne vit pas; il se meut, mais son esprit est mort.»
En 609 (1212 J. C.), défaite des Musulmans à Hisn el-Oukab, où périrent toutes les troupes du Maghreb et de l'Andalousie.
En 610 (1213 J. C.), le fi ls d'El-Obeïdy, brûlé à Fès, se souleva dans le Djebel Ghoumara en prétendant qu'il était le Fathmy, et il fut proclamé par un nombre considérable de montagnards et de Bédoins. El-Nasser envova une armée contre lui, et il fut pris et tué. En cette même année, mort de l'émir des Musulmans El-Nasser, et avènement de son fils Youssef. Les Beny Meryn, venant du sud du Zab de l'Ifrîkya, entrèrent au Maghreb en grand nombre. Grande peste en Andalousie et dans le Maghreb. Les Chrétiens s'emparèrent de la ville d'Oubéda.
En 613 (1216 J. C.), les Beny Meryn défirent l'armée almohade au Fahs el-Zad. Les Almohades, rentrés à Fès complètement nus, furent obligés de se couvrir avec des feuilles de Méchâala (?), et c'est pour cela que cette année-là fut appelée El-mechâala.
En 614 (1217 J. C.), les Musulmans furent battus au Kessar d'Aby Dânys, et les ennemis les massacrèrent en nombre considérable.
En 615 (1218 J. C. ), Alphonse prit à l'assaut ledit château d'Aby Dânys, et fit périr tous les Musulmans qui s'y trouvaient.
En 617 (1220 J. C.), grande disette, sécheresse et fl éau des sauterelles dans le Maghreb. C'est en cette année-là que fut construite la Tour d'or sur
la rive du fleuve de Séville.
En 618 (1221 J. C.), on refit à neuf les murs de Séville et on construisit les chaussées extérieures qu'on entoura de fossés.
En 619 (1223 J. C.), les Almohades conquirent l'île de Majorque.
En 620 (1123 J. C.), mort de Youssef el-Mousthansyr.
En 622 (1224 J. C.), proclamation d'El-Adel à Murcie, et mort de l'émir des Musulmans Abd el-Ouahed, le détrôné.
En 624 (1225 J. C.) , le sid Abou Mohammed. surnommé El-Baëzy, se fit proclamer à Baëza, et livra cette place et la ville de Fidjatha aux Chrétiens.
Les ennemis prirent également la ville de Marbouna, du gouvernement de Murcie ; dont ils massacrèrent tous les habitants, à l'exception des femmes et des enfants, qui furent faits prisonniers. El-Baëzy livra à Alphonse environ vingt châteaux forts et un nombre considérable de tours. Alphonse s'empara de Merbâla et prit Tolède à l'assaut en faisant un massacre épouvantable de Musulmans ; dix smille hommes de Séville, qui s'étaient mis en campagne pour porter secours à la garnison de Tolède, et un grand nombre de soldats de Murcie, qui s'étaient également aventurés pour aller secourir le château de Daleya, furent massacrés après avoir été mis en déroute par les ennemis. Tous ces désastres emportèrent un nombre si considérable d'Almohades de Séville et de Murcie, que les mosquées et les souks restèrent déserts.
En 623 (1226 J. C.), l'ennemi s'empara de la ville de Loucha, dans l'occident de l'Andalousie, et El-Baëzy livra aux Chrétiens Salvatierra, pour la prise de laquelle El-Nasser avait dépensé de si fortes sommes. Cette même année, El-Baëzy fut tué dans le château El-Modovar, par Ben Beyrouk, qui porta sa tête à Séville. Les Chrétiens s'emparèrent de la ville de Kabala. Les Arabes Khelouth livrèrent bataille aux Almohades, qu'ils mirent en déroute dans l'Adoua.
En 624 (1227 J. C.), disette au Maghreb et en Andalousie; le kafyz de blé coûtait 15 dinars. Fléau de sauterelles au Maghreb. Les habitants de Séville proclamèrent le sid Abou el-Olâ ben el-Mansour. Les Chrétiens s'emparèrent de l'île de Majorque. Mort d'El-Adel et avènement d'Yhya, d'une part, et d'El-Mamoun de l'autre.
En 625 (1228 J. C.), apparition de Ben Houd, surnommé El-Metoukyl, dans le château d'Arbounâ, à l'orient de l'Andalousie, et sa proclamation par le peuple de Murcie comme khalife abbasside.
En 626 (1229 J. C.), grande inondation à Fès qui détruisit la plus grande partie des murs du côté du midi, et renversa trois nefs de la mosquée El-Andalous, ainsi qu'un grand nombre de maisons et de fondouks de l'Adoua. En cette même année, Ben Houd s'empara de Xativa et de Denya, et les Chrétiens prirent le château de Djebel Ayoun(4), situé sur la frontière de Valence. Ben Houd fit périr le kady El-Koustahy, à Murcie, et s'empara de Grenade, où il massacra tous les Almohades qui s'y trouvaient. Il conquit également Jaën, et dans le mois de dou'l kâada, il fut proclamé à Cordoue par le peuple, qui chassa et massacra les Almohades. C'est alors, que Ben Houd fut nommé émir des Musulmans, et que El-Mamoun passa au Maghreb. Le lundi 23 de safar, correspondant au dernier jour de décembre des Européens, eut lieu le grand événement de Mayorqne dont Dieu affligea également l'islam.
En 628 (1231 J. C.), défaite des Musulmans à Mérida, que les ennemis prirent d'assaut. Au mois de châahan, ils s'emparèrent également de Badajoz et de ses dépendances. En radjeb, Bell Houd prit Algérisas et Gibraltar, et il ne resta plus aucun pouvoir aux Almohades en Andalousie.
En 629 (1232 J. C.), le sid Abou Moussa se leva contre son frère El-Mamoun, à Ceuta, et Mohammed ben Youssef ben Nasser ; connu sous le nom de Ben el-Ahmar (fils du rouge), se présenta au peuple d'Ardjounâ, qui le proclama et lui donna le titre d'émir des Musulmans. Les ennemis s'emparèrent de la ville de Mourala, du gouvernement de Saragosse.
En 630 (1233 J. C.), mort d'El-Mamoun et avènement de son fils El- Rachyd. Ben Houd s'empara de Ceuta qu'il gouverna pendant trois mois, au bout desquels il fut trahi, et l'on proclama Ahmed el-Yenachty, appelé El-Mouaffyk. En cette même année, Cordoue et Carmouna se rendirent à Mohammed ben Youssef ben Nasser. Le kady El-Badjy fut proclamé à Séville. Ben Houd fit alliance avec l'ennemi pour combattre Ben el-Ahmar et. El-Badjy, avec la condition qu'il lui serait compté 1,000 dinars par jour. Grande famine et peste dans le Maghreb; le kafyz de blé atteignit le prix de 80 dinars.
En 631 (1234 J. C.), grands combats, entre Ben el-Ahmar, El-Badjy et Ben Houd, dans lies environs de Séville. Ben Houd les vainquit ; mais Ben el- Ahmar ayant tué El-Badjy par trahison, entra à Séville, où il resta un mois et fut chassé par le peuple.
En djoumad el-tâny, Chayb ben Mohammed ben Mehfouth s'éleva au pouvoir à Lybla, et prit le nom d'El-Moutasym. En chouel, Ben Nasser fit la paix avec Ben Houd, et le proclama à Jaën, Ardjouna et dépendances, et à Berkouna.
En 632 (1234 J. C.), les ennemis assiégèrent l'île d'Iviça, qu'ils prirent au bout de cinq mois. Les Génois vinrent à Ceuta avec une fl otte innombrable, et battirent la ville avec leurs balistes, mais sans succès.
En 633 (1235 J. C.), les Génois se retirèrent après un long siège, et un blocus rigoureux, durant lesquels ils avaient employé les plus horribles machines de guerre. Les habitants de Ceuta n'obtinrent la paix avec eux qu'en leur payant 400,000 dinars. Cette même année, le 3 chouel, les Chrétiens surprirent la partie orientale de Cordoue, le matin de très-bonne heure, pendant que tous les habitants dormaient encore ; mais Dieu chéri sauva les femmes et les enfants, qui s'échappèrent à la partie occidentale; les hommes seuls restèrent et combattirent courageusement. Les Chrétiens assiégèrent la partie occidentale, et lorsqu'ils l'eurent prise, ils furent maîtres de toute la ville. Alors, le roi de Castille accorda la paix et l'alliance à Ben Houd, pour quatre ans et moyennant 400,000 dinars par an. C'est encore en cette année-là que l'émir des Musulmans El-Rachyd fit mettre à mort les cheikhs des Khelouth.
En 635, (1237 J. C.), les habitants de Séville et de Ceuta proclamèrent El-Rachyd. Famine et peste clans le Maghreb, tellement désastreuses, que les hommes se mangeaient entre eux, et que l'on ensevelissait cent cadavres dans une même fosse.
En 640 (1242 J. C.), mort d'El-Rachyd et avènement de son frère El-Saïd.
En 642 (1244 J. C.), prise de Valence par les Chrétiens.
En 643 (1245 J. C.), prise de Mekenès par l'émirs Abou Yhya.
En 644 (1246 J. C.), prise, de Jaën par les Chrétiens.
En 646 (1248 J. C.), mort d'Abou el-Hassen el-Saïd. Prise de Séville par les ennemis. Abou Yhya s'empare de Fès et de Rabat-Tâza. C'est cette année-là qu'eut lieu le grand incendie des bazars de Fès, dans lequel fut détruit tout le faubourg, depuis le Bab el-Selsela (porte de la chaîne), jusqu'aux bains de la Halle aux Blés. Avènement d'El-Mourthadhy àMaroc.
En 653 (1255 J. C.), défaite d'El-Mourthadhy chez les Beni Behloul, aux environs, de Fès.
En 665 (1267 J. C.), El-Mourthadhy,tué à Maroc, est remplacé par Abou Debbous.
En 667 (1268 J. C.), Abou Debbous fut tué et son armée détruite. l'émir des Musulmans, maître de Maroc et de ses dépendances, fi t son entrée dans la capitale, le dimanche 9 du mois. de moharrem de l'année 668 (8 septembre 1269 J. C.).
Chronologie des événements au Maghreb de l'an 656 à 726
En 656 (1258 J. C.), l'émir des Musulmans, Abou Youssef que Dieu lui fasse miséricorde !), fut, proclamé à Fès.
En 658, les Chrétiens surprirent la ville de Salé, et ils y entrèrent à l'assaut le 3 de chouel. Ce fut une grande calamité.
En 659, bataille d'Oum el-Ridjeleïn entre l'émir des Musulmans.; Abou Youssef, et l'armée d'El-Mourthadhy.
En 660, entrée à Maroc de l'émir des Musulmans Abou Youssef. Le mardi 12 de chouel, apparition d'une comète qui, pendant environ deux mois, se levait chaque nuit à l'heure du Sohaur. Un corps de guerriers Beny Meryn passa en Andalousie pour faire la guerre sainte, volontairement et sous le commandement d'Amer ben Edriss et d'El-Hadj el-Taher Aly.
En 663, le fekhy El-Azly détruisit les murs de la kashah de la ville d'Asîla.
En 664, Arrivée d'Abou Debbous à Fès, venant faire sa soumission à l'émir des Musulmans.
En 666, 12,000 dinars d'or et trois colliers de perles furent volés au trésor de la kasbah de Fès.
En 667, mort du cheïkh Abou Merouan el-Ouadjezny, à Ceuta. Défaite des Arabes Rîah par l'émir des Musulmans El-Moustansyr, qui fi t périr les hommes, prit leurs biens et leurs familles, et s'en revint à Tunis. Arrivée d'Abou Zakerya ben Salîh, envoyé par El-Mansour, roi d'Ifrîkya, avec des présents pour l'émir Abou Youssef.
En 668 (1270 J. C.), les Chrétiens s'emparèrent du port de Larache dont ils massacrèrent les habitants. Ils enlevèrent les femmes et les richesses, et ils s'en allèrent sur leurs navires après avoir mis le feu à la ville. Mort de Tahla ben Aly Yacoub ben Abd Allah, et naissance de Messaoud ben Abou Yacoub, émir des Musulmans. Omar ben Mandyl el-Maghraouy livre la ville de Meliana à Yaghmourasen ben Zyan. Le mercredi soir, 25 dé dou'lhidjâ, après la prière, le roi chrétien de France aborda, sur la côte de Tunis avec une flotte innombrable ; en descendant à terre, les Infidèles s'emparèrent du château El-Kelâa, et on ne saurait exprimer le nombre de tentes qui s'élevèrent en camp sur le bord de la mer. Il y avait quarante mille cavaliers chrétiens, cent. mille archers et cent mille fantassins, mais, le 25 de raby el-tâny, le roi de France mourut pendant qu'il assiégeait encore la ville de Tunis, et sa mort fut cause de la retraite des Chrétiens. Entrée de l'émir des Musulmans, Abou Youssef, à Maroc.
En 669, expédition d'Abou Youssef contre les Arabes du Drâa. Révolte de Mohammed ben Edriss et de Moussa ben Rahou ; l'émir Abou Youssef, après les avoir cernés pendant trois jours sur le mont Aberkou, près de Fès, reçut leur soumission et leur fit grâce de la vie.
En 67o, Abou Youssef attaqua les possessions de Yaghmourasen, au mois de radjeb, et, après l'avoir mis en déroute à l'Oued Isly, il l'assiégea quelque temps à Tlemcen.
En 672, prise de Tanger et siège de Ceuta par Abou Youssef.
En 673, prise de la ville de Sidjilmessa par le même.
En 674, le 3 de chouel, furent jetés les premiers fondements de Fès el-Djedid, sur la rivière. La veille, 2 de chouel, les juifs de Fès avaient été massacrés. Premier passage en Andalousie de l'émir des Musulmans Abou Youssef, pour faire la guerre sainte ; il s'empara d'Algéziras, de Tarifa et de Ronda. Guerre contre don Nuño. Construction de la kasbah de Mekenès.
En 675, ordre de l'émir des Musulmans de bâtir la nouvelle ville d'Algéziras.
En 676, deuxième passage de l'émir Abou Youssef en Andalousie.
Mort d'Abou Mohammed ben Achkyfoula, maître de Malaga.
En 677, au mois de raby el-aouel, la fl otte chrétienne vint bloquer Algéziras. Des cadeaux sont envoyés par Yhya el-Ouatyk, roi d'Ifrîkya. Au mois de châaban, Omar ben Aly, gouverneur d'Abou Youssef à Malaga, trahit et vendit la place à Ben el-Ahmar. Au mois de chouel, révolte de Messaoud ben Kanoun el-Soufyany. Construction de la mosquée de Fès el-Djedid.
En 678 (1280 J. C.), destruction de la flotte chrétienne devant Algéziras.
En 679, mort de Zyan ben Abd el-Kaouy el-Toudjyny. Les sauterelles envahirent le Maghreb et détruisirent les moissons et les champs jusqu'au dernier brin d'herbe. La mosquée de Fès el-Djedid est ornée de son grand lustre pesant sept cent quinze livres et ayant deux cent quatre-vingts calices ou godets. Siège de Grenade par Abou el-Hassen Achkyloula et Alphonse.
En 680, défaite de Yaghmourasen au Melhab, près Tlemcen.
En 681, mort du kaïd El-Zendadjy, à Ceuta. Passage de l'émir des Musulmans en Andalousie, où il rencontra, à Sakhrat el-Abbed, Alphonse, qui lui donna sa couronne en gage pour 100,000 dinars. Fuite de la kasbah de Fès du chef supérieur de la flotte des chrétiens, qui y était prisonnier. Prise de Tunis par Ben Aby Amâra. Mort de Yaghmourasen ben Zyan.
En 682 (1284 J. C.), au mois de moharrem, mort d'Alphonse le Borgne (que Dieu le damne !) et de Tachefyn ben Abd el-Ouahed, émir de l'Andalousi
En 683, l'eau de l'Aïn Ghâboula fut amenée à la kasbah de Rabat el-Fath, par ordre de l'émir Abou Youssef et sous la direction de Bel Hadj.
Mort de Ben Aby Amâra à Tunis, où son fi ls Abou Hafs lui succède. Le 6 de ramadhan, la dame noble Oum el-Az, fi lle de Mohammed ben Hazem, mourut à Rabath el-Fath et fut enterrée à Chella.
En 685, au moharrem, mort de l'émir des Musulmans Abou Youssef. Construction du grand moulin sur le fl euve de Fès.
En 687, le roi d'Égypte El-Mansour s'empare de Tripoli de Syrie. Mort du cheïkh, le saint Abou Yacoub el-Achkar, à El-Kendaryn, chez les Beny Behloul.
En 690, siège et prise de Tarifa par Alphonse. Prise de la ville d'Akka par le roi El-Achraf. L'émir des Musulmans décrète la célébration solennelle de l'anniversaire de la naissance du Prophète dans tous ses états.
En 692, prise de la forteresse de Tazouta.
En 693, la mosquée de Taza est achevée, et ornée de son grand lustre en cuivre pesant trente-deux quintaux et ayant cinq cent quatorze calices ou godets ; 8,000 dinars furent employés à ces travaux.
En 699 , Abou Yacoub assiégea Tlemcen pendant quelque temps et s'en revint à Fès.
En 702 (1304 J. C.), mort de Ben el-Ahmar, roi d'Espagne.
En 706, mort de l'émir des Musulmans Abou Yacoub.
En 708, mort de l'émir des Musulmans Abou Thâbet, à Tanger.
En 710, le 30 de djoumad el-tâny, mort de l'émir des Musulmans Abou el-Reby, et avènement d'Abou Saïd.
En 720 (1320 J. C.), l'émir Abou Saïd fi t construire la grande académie de Fès el-Djedid, et il y établit des tholbas pour lire le Koran et des docteurs pour étudier les sciences, en accordant à tous l'entretien et des traitements mensuels. Il dota cet établissement du quart des revenus des récoltes, et tout cela pour l'amour du Dieu très-haut et dans le but de mériter les grandes récompenses.
En 721, l'émir Abou el-Hassen ben Abou Youssef ben Abd el-Hakk (que Dieu les agrée tous !) fi t bâtir l'académie située au midi de la mosquée El-Andalous ; elle fut construite avec le plus grand soin, et munie tout autour d'un grand réservoir, de lieux aux ablutions et d'un caravansérail servant de demeure aux étudiants. Tous ces établissements reçurent leurs eaux de la source située au dehors du Bab el-Hadid, et coûtèrent de très-fortes sommes, plus de 100,000 dinars. L'émir y établit des docteurs, des auditeurs, des étudiants et des lecteurs, et pourvut a leur entretien et à leurs vêtements. Il dota enfin cet établissement de routes considérables. Que le Très-haut l'en récompense !En 723 (1323 J. C.), au mois de moharrem, de l'une des sources de Senhadja, située vers l'Orient, jaillit du sang naturel, qui coula depuis la moitié de l'heure de la prière du soir jusqu'au tiers de la nuit; cette source reprit alors sa limpidité ordinaire. Le 30 de châaban, l'émir des Musulmans, Abou Saïd, ordonna la construction de la grande académie qui est située près de la mosquée El-Kairaouyn; elle fut bâtie sous la direction du docteur béni Abou Mohammed Abd Allah ben Kassem el-Mezouâr. L'émir, accompagné. des docteurs et des saints, assista lui-même à sa fondation, et il parvint à faire un édifice prodigieux, le plus splendide que jamais roi ait élevé sur la terre avant lui. Il y fi t arriver l'eau d'une source intarissable, et il y établit des docteurs, des savants, un imam, un muezzin et des employés pour le service. Il alloua à chacun des émoluments, et il acheta des propriétés pour en doter cet établissement, pour l'amour de Dieu et dans l'espérance de mériter les grandes récompenses.
Je prie le Très-Haut de combler notre émir de ses bienfaits dans le jardin éternel, au milieu des plus belles houris, et de me couvrir de sa bénédiction pour tout ce que je viens d'écrire sur les docteurs, les saints, les anciens et les hommes vertueux. Ô Miséricordieux des Miséricordieux ! accorde-moi des richesses, des enfants, la religion en ce monde et le salut dans l'autre ! Que Dieu répande sa bénédiction et sa grâce sur notre seigneur et maître Mohammed, sur sa famille et ses compagnons !
Chronologie des événements au Maghreb de l'an 656 à 726 (Rawd al-Qirtâs)