5 Juillet 2007
Tout pouvoir politique au sein de dâr al-islâm devrait être lié aux principes de la religion, puisque le pouvoir n'est pas un fait naturel. Les détenteurs du pouvoir faisaient toujours référence au monde du sacré, même si la légitimité du fait (pouvoir de puissance), avait une grande importance. Les pouvoirs au Moyen-Age ont essayé de centraliser tous les domaines de la vie de la cité musulmane autour du pouvoir central, en particulier le jihâd, la réforme des mœurs, la justice et les productions scientifiques, dans ce dernier domaine, les exemples les plus frappants étaient l'opposition des almoravides au livre Ihyâ' culûm al-ddîn, Les écrits d'Ibn Tûmart et l'idéologisation de la vie culturel par les Mérinides.
L'islâm comme facteur fondamental était le point de départ du pouvoir politique. Les acteurs de ce dernier faisaient de l'histoire du Maghrib occidental, une histoire de l'islâm considéré dans sa majorité comme histoire de l'islâm sunnite, c'est-à-dire que les détenteurs du pouvoir avaient toujours le souci de voir la naissance d'une idéologie secondaire, puisqu'eux-mêmes n'avaient que le monopole d'une idéologie secondaire. Les légitimistes (les détenteurs du savoir), de leur côté, ont négligé les expériences kharijites et shicites pour affirmer la suprématie de l'idéologie malikite et sa continuité, plus encore, ils avaient exclu l'expérience des Bûrghwatîdes. Les Idrisîdes, comme expérience incontournable dans l'histoire du Maghrib occidental, avait posé le problème du shicisme aux détenteurs du savoir, ces derniers ont essayé de résoudre l'appartenance d'Idrîs au shicisme par le rapprochement entre le shicisme zaydite et le sunnisme (1).
L'islâm venu du Moyen-Orient avait posé le long de l'histoire du Maghrib occidental la question de l'indépendance et le recours à l'orient musulman. Pour dépasser le problème du suivisme, les réformateurs et souverains ont essayé d'ignorer l'orient, à partir d'une méthode qui consiste à mettre en place le modèle du pouvoir au nom d'une dacwa dîniya qui faisait référence, non pas au pouvoir en place, mais aux principes de l'école juridico-politique. Donc, le choix du malikisme était un choix politique qui pouvait devenir indépendant des cAbbasîdes, puisque le grand Imâm oriental Mâlik b. Anas avait refusé la reconnaissance de l'Imâmat du calife Abû Jacfar, après l'assassinat du frère d'Idrîs Muhammad al-Nnafs al-Zakiya. Avec les Almoravides, le malikisme n'avait aucune influence du côté de l'affirmation de l'indépendance, puisque l'investiture de Yûsuf b. Tâshfîn comporte ce principe. Mais avec les Mérinides, le malikisme est devenu l'un des principes fondamentaux de la dynastie en même temps l'histoire du Maghrib occidental est devenu l'histoire du malikisme. L'expérience qui se voulait originale dans le domaine de l'indépendance vis-à-vis de l'orient musulman, était celle des almohades qui n'avait fait aucune référence au légitimisme extérieur. En un mot, les tentatives d'indépendance religieuses et politiques, ne pouvait pas nous convaincre, puisque le long de l'histoire du Maghrib occidental, l'extériorité du pouvoir avait existé pour légitimer un pouvoir mis en place au nom des principes de l'islâm.
La société du Maghrib occidental comme société tribaux, où chaque tribu refuse le pouvoir de l'autre, n'avait pas pu produire un pouvoir politique, sauf celui que l'extérieur avait fourni. Donc, le premier État berbère a connu ces débuts avec un leader arabe Idrîs, appartenant à la maison du prophète. L'extériorité du pouvoir comme moyen de légitimation avait duré le long de l'histoire du Maghrib occidental. Avec les Almoravides, le pouvoir faisait recours au calife cAbbasîde, ils se sont considérés comme leur gouverneur au Maghrib occidental. Les Mérinides, après une période du recours au légitimisme hafsîde, ont essayé de faire recours à la généalogie arabe. Les Almohades, les Sacadiens n'ont pas manqué de faire ce recours à la maison du Prophète. Donc, la mise en place du pouvoir politique au nom de l'islâm avait posé le long de l'histoire du Maghrib occidental deux facteurs et à tous les niveaux: celui d'idéologie-tradition et celui de l'idéologie-dépassement au sein de la société de l'occident musulman et dans les rapports avec le Moyen-Orient.
(1)-N: dans l'histoire musulmane, l'alliance entre le pouvoir politique et le groupe du savoir semble une alliance logique et historique. Le câlim et l'Emîr dans les écrits arabes ne faisaient qu'un seul pouvoir, puisque tout les deux n'avaient qu'un seul devoir (wâjib al-siyâsa al-sharciya) qui consiste a donné l'exemple (mitâl) de la pratique de l'islâm.