12 Novembre 2008
L'auteur du livre (que Dieu l'agrée !) continue : Depuis sa fondation, la ville de
Fès a toujours été le siège de la sagesse, de la science, de la paix et de la religion ; pôle et centre du Maghreb, elle fut la capitale des Edrissites hosseïniens الأدارسة الحسينيين qui la
fondèrent, et la métropole des Zenèta زناتة, des Beni Yfran بني يفرن, des Maghraoua مغراوة et autres peuples mahométans du Maghreb. Les Lemtuna لمتونة s'y fi xèrent quelque temps, lors de leur
domination; mais bientôt ils bâtirent la ville de Maroc, qu'ils préférèrent à cause de la proximité de leur pays, situé dans le sud. Les Mouâhédoun الموحدون (Almohades), qui vinrent après eux,
suivirent leur exemple par la même raison; mais Fès a toujours été la mère et la capitale des villes du Maghreb, et aujourd'hui elle est le siége des Beni Meryn بني مرين qui la chérissent et la
vénèrent. (Que Dieu perpétue leurs jours !) Fès réunit en elle eau douce, air salutaire, moissons abondantes, excellents grains, beaux fruits, vastes labours, fertilité merveilleuse, bois épais
et proches, par terres couverts de fleurs, immenses jardins potagers, marchés réguliers attenant les uns aux autres et traversés par des rues très droites; fontaines pures, ruisseaux
intarissables qui coulent à flots pressés sous des arbres touffus, aux branches entrelacées, et vont ensuite arroser les ,jardins dont la ville est entourée.
Il faut cinq choses à une ville, ont dit les philosophes : eau courante, bon labour, bois à proximité, constructions solides, et un chef qui veille à sa prospérité, à la sûreté de ses routes et
air respect dû à sa puissance. A ces conditions, qui accomplissent et ennoblissent une ville, Fès joint encore de grands avantages, que je vais décrire, s'il plaît à Dieu.
Dans nulle partie du Maghreb on ne trouve de si vastes terres de labour et des pâturages si abondamment arrosés que ceux qui entourent Fès. Du côté du midi s'élève la montagne des Beni Behloul
بني بهلول, dont les forêts superbes donnent cette quantité incalculable de bois de chêne et de charbon que l'on voit accumulée chaque matin aux portes de la ville. La rivière, qui partage la
ville en deux parties, donne naissance, dans son intérieur, à mille ruisseaux qui portent leurs eaux dans les lavoirs, les maisons et les bains, et arrosent les rues, les places, les jardins, les
parterres, font tourner les moulins et emportent avec eux toutes les immondices.
Le docte et distingué Abou el-Fadhl ben el-Nahouy أبو الفضل بن النحوي, qui a chanté les louanges et la description de Fès, s'est écrié :
«O Fès, toutes les beautés de la terre sont réunies en toi ! De quelle bénédiction, de quels biens ne sont pas comblés ceux qui t'habitent ! Est-ce ta fraîcheur que je respire, ou est-ce la santé
de mon âme ? Tes eaux sont elles du miel blanc ou de l'argent ? Oui peindra ces ruisseaux qui s'entrelacent sous terre et vont porter leurs eaux dans les lieux d'assemblées, sur les places et sur
les chemins !»
Le docte Abou el-Fadhl ben el-Nahouy était de ceux qui possèdent science, religion, intégrité et bienfaisance, ainsi qu'il est dit dans le Téchaouif التشوف qui traite de l'histoire des hommes
savants du Maghreb.
Un autre illustre. écrivain, le docte et très-savant Abou Abd Allah el-Maghyly أبو عبد الله المغيلي, étant kady قاضي à Azimour أزمور, a dit ce qui suit dans une de ses odes à Fès :
«O Fès ! que Dieu conserve ta terre et tes jardins, et, les abreuve de l'eau de ses nuages ! Paradis terrestre qui surpasse en beautés tout ce qu'il y a de plus beau et dont la vue seule charme
et enchante ! Demeures sur demeures aux pieds desquelles coule une eau plus douce que la plus douce liqueur ! Parterres semblables au velours, que les allées, les plates-bandes et les ruisseaux
bordent d'une broderie d'or ! Mosquée el-Kairaouyn مسجد القرويين, noble nom! dont la cour est si. fraîche par les plus grandes chaleurs !... Parler de toi me console, penser à toi fait mon
bonheur ! Assis auprès de ton admirable rejet d'eau, je sens la béatitude ! et avant de le laisser er tarir, mes yeux se fondraient en pleurs pour le faire jaillir encore !»
L'auteur du livre reprend : L'Oued Fès, dont. l'eau l'emporte par la douceur et la légèreté sur le meilleures eaux de la terre, sort de soixante sources qui dominent la ville. Cette rivière
traverse d'abord une vaste pleine couverte de gossampins et de cyprès: puis, serpentant à travers les prairies toujours vertes qui avoisinent la ville, elle entre à Fès, où elle se divise, comme
on l'a dit, en une infinité de petits ruisseaux. Enfin. Sortant de Fès, elle arrose les campagnes et les jardins, et va se jeter dans le fleuve Sebou واد سبو, à deux milles de la ville.
Les propriétés de l'eau de l'Oued Fès sont nombreuses ; elle guérit de la maladie de la pierre et des mauvaises odeurs ; elle adoucit la peau et détruit les insectes ; on peut sans inconvénient
eu boire en quantité à jeuntant elle est douce et légère (qualités qu'elle acquiert en coulant à travers le gossampin et le cyprès). Le médecin Ben Djenoun rapporte que, bue à jeun, cette eau
rend plus agréable le plaisir des sens. Elle blanchit le linge sans qu'il soit nécessaire d'employer du savon, et elle lui donne un éclat et un parfum surprenants. On tire de l'Oued Fès des
pierres précieuses qui peuvent. remplacer les perles fines. Ces pierres valent un metkal d'or مثقال ذهب la pièce, ou plus ou moins, selon leur pureté, leur beauté et leur couleur. On trouve
également dans cette rivière des cheratyns (écrevisses) qui sont très-rares dans les eaux de l'Andalousie, et on y pèche plusieurs espèces de poissons excellents et très-sains, tels que el-boury
(le mulet), el-seniah, el-lhebyn (cyprinum), el-bouka (murex) et autres. Eu résumé, l'Oued Fès est supérieur aux autres rivières du Maghreb par ses bonne, et utiles qualités.
Il n'existe nulle part des mines de sel aussi remarquables que celles de Fès ; situées à six milles de la ville, ces mines occupent un terrain de dix-huit milles, et sont comprises entre le
hameau de Chabty الشبطي et l'Oued Mesker واد مسكر, dans le Demnet el-Bakoul دمنة البقول. Elles, donnent différentes espèces de sel variant entre elles de couleur et de pureté. Ce sel, rendu en
ville, coûte un drahem درهم les dix sâa صاع, quelquefois plus, quelquefois moins, selon le nombre des vendeurs; autrefois avec un drahem on en avait une charge (de chameau), et souvent même les
marchands ne pouvaient s'en défaire, tant l'abondance était grande ; mais ce qui est vraiment merveilleux, c'est que l'espace occupé par ces mines est coupé en divers sens par des champs
cultivés, et certes, quand au milieu du sel on voit s'élever de belles moissons dont les épis se balancent sur de vertes tiges, on ne peut que dire : c'est là un bienfait de Dieu, un signe de sa
bénédiction !
A un mille environ de Fès est situé le Djebel, Beni Bazgha جبل بني بزغا, qui fournit ces quantités indicibles de bois de cèdre qui chaque jour arrivent en ville. Le fleuve Sebou, qui n'a qu'une
seule source, sort d'une grotte de cette montagne et suit son cours à l'est de Fès, à. une distance de deux milles. C'est dans ce fleuve que l'on pèche le chabel الشبل et le boury البوري
(l'alose et le mulet), qui arrivent si frais et en si grande quantité sur les Marchés de la ville. C'est aussi sur les bords du Sebou que les habitants de Fès viennent faire leurs parties de
plaisir.
À tous les avantages qui distinguent, Fès des autres villes, il faut ajouter encore les beaux bains de Khaoulen, situés à quatre milles de ses portes, et dont les eaux sont d'une chaleur
extraordinaire. Non loin de Khaoulen sont enfin les magnifiques thermes de Ouachnena اوشنينة et de Aby Yacoub أبي يعقوب, les plus renommés du Maghreb.
Les habitants de Fès ont l'esprit plus fin et plus pénétrant que les autres peuples du Maghreb ; fort intelligents, très-charitables, fiers et patients, ils sont soumis à leur chef et respectent
leur souverain. En temps d'anarchie ils l'ont toujours emporté sur les autres par leur sagesse, leur science et leur religion.
Depuis sa fondation, Fès a toujours été propice aux étrangers qui sont venus s'y établir. Grand centre, on se réunissent en nombre les sages, les docteurs, les légistes, les littérateurs, les
poètes, les médecins et autres savants, elle fut de tout temps le siége de la sagesse, de la science, des études nouvelles et de la langue arabe, et elle contient à elle seule plus de
connaissances que le Maghreb entier. Mais, s'il n'a jamais cessé d'en être ainsi, il faut l'attribuer aux bénédictions et aux prières de celui qui l'a fondée; l'imam Edriss الإمام إدريس, fils
d'Edriss (que Dieu l'agrée!), au moment d'entreprendre les premiers travaux, leva les mains au ciel et dit : «O mon dieu ! faites que ce lieu soit la demeure de la science et de la sagesse ! que
votre livre y soit honoré et que vos lois y Soient respectées ! Faites que ceux qui l'habiteront restent fidèles au Sonna السنة et à la prière aussi longtemps que subsistera la ville que je
vais bâtir !» Saisissant alors une pioche, Edriss commença les premiers fondements.
Depuis lors jusqu'à nos jours, an 726 (1325 J. C.), Fès a effectivement toujours été la demeure de la science, de la doctrine orthodoxe, du Sonna, et le lieu de réunion et de prières. D'ailleurs,
pour expliquer tant de bienfaits et de grandeurs, ne suffit-il pas de connaître la prédiction du prophète (que Dieu le bénisse et le sauve !), dont les propres paroles sont rapportées dans le
livre d'Edriss ben Ismaël Abou Mimouna إدريس بن إسماعيل أبو ميمونة, qui a écrit de sa propre main ce qui suit :
« Abou Medhraf أبو مضرف d'Alexandrie m'a dit qu'il tenait de Mohammed ben Ibrahim el-Mouaz محمد بن إبراهيم المعز; lequel le tenait de Abd er-Rahmann ben el-Kassem عبد الرحمان بن القاسم, qui le
tenait de Malek ben Ans مالك بن أنس, qui le tenait de Mohammed ben Chahab el- Zahery محمد بن شهاب الزهري, qui le tenait de Saïd _ ben el-Messyb سعيد بن المسيب, qui le tenait d'Abou Hérida ,
lequel avait entendu de Sidi Mohammed سيدي محمد lui-même (que Dieu le sauve et le bénisse !) la prophétie suivante : Il s'élèvera dans l'Occident une ville nommée Fès qui sera la plus distinguée
des villes du Maghreb ; son peuple sera souvent tourné vers l'Orient; fidèle au Sonna et à la prière, il ne s'écartera jamais du chemin de la vérité ; et Dieu gardera ce peuple de tous les maux
jusqu'au jour de la résurrection !»
Abou Ghâleb أبو غالب raconte dans son histoire qu'un jour l'imam Edriss, se trouvant sur l'emplacement de la ville qu'il voulait bâtir, était occupé à en tracer les, contours, lorsque arriva vers
lui un vieux solitaire chrétien, qui paraissait bien avoir cent cinquante ans, et qui passait sa vie en prières dans un ermitage situé mon loin de cet endroit. «Que le salut soit sur toi ! dit le
solitaire en s'arrêtant; réponds, émir, que viens-tu faire entre ces deux montagnes ? - Je viens, répondit Edriss, élever une ville où je demeurerai et où demeureront mes enfants après moi, une
ville où le Dieu très-haut sera adoré, où son Livre sera lu et où l'on suivra ses lois et sa religion ! - Si cela est, émir, j'ai une bonne nouvelle à te donner. - Qu'est-ce donc, ermite ? -
Écoute. Le vieux solitaire chrétien, qui priait avant moi dans ces lieux et qui est mort depuis cent ans, m'a dit avoir trouvé dans le livre de la science qu'il exista ici une ville nommée Sèf
qui fut détruite il y a dix-sept cents ans, mais qu'un jour il viendrait un homme appartenant à la famille des prophètes, qui rebâtirait cette ville, relèverait ses établissements et y ferait
revivre une population nombreuse ; que cet homme se nommerait Edriss; que ses actions seraient grandes et son pouvoir célèbre, et qu'il apporterait en ce lieu l'islam qui v demeurerait jusqu'au
dernier jour. - Loué soit Dieu ! Je suis cet Edriss,» s'écria l'imam, et il commença à creuser les fondations.
A l'appui de cette version l'auteur cite le passage d'El-Bernoussy البرنوسي où il est dit qu'un juif, creusant les fondements d'une maison près du pont de Ghzila غزيلة, sur un lieu qui était
encore, comme la plus grande partie de la ville, couvert de buissons, de chênes, de tamarins et autres arbres, trouva une idole en marbre, représentant une jeune fille, sur là poitrine de
laquelle étaient gravés ces mots en caractères antiques : «En ce lieu, consacré aujourd'hui à la prière, étaient jadis des thermes florissants, qui furent détruits après mille ans d'existence.»
D'après les recherches des savants qui se sont particulièrement occupés des dates et de la fondation de la ville de Fès, Edriss jeta les premiers fondements le premier jeudi du mois béni de raby
el-aoued ربيع الأول, an 192 de l'hégyre (3 février 808 J. C.). Il commença par les murs d'enceinte de l'Adoua el-Andalous عدوة الأندلس, et, un an après, dans les premiers jours de raby
el-tâni ربيع الثاني, an 193, il entreprit ceux de l'Adoua el-Kairaouyn عدوة القرويين.
Les murs de l'Adoua el-Andalous عدوة الأندلس étant achevés, l'imam fit élever une mosquée auprès du puits nommé Gemda el-Chiak (lieu de réunion des cheïkhs) et y plaça des lecteurs. Ensuite il fi
t abattre les arbres et les broussailles qui couvraient de leurs bois épais l'Adoua el-Kairaouyn عدوة القرويين, et il découvrit ainsi une infinité de sources et de cours d'eau. Ayant mis les
travaux en train sur cet emplacement, il repassa dans l'Adoua el-Andalous عدوة الأندلس et s'établit, sur le lieu appelé el-Kermouda قرمودة ; il construisit la mosquée El-Cheyâa (que Dieu
l'ennoblisse !) et y plaça des lecteurs. Ensuite il bâtit sa propre maison, connue jusqu'à ce jour sous le nom de Dar el-Kytoun et habitée par les chérifs Djoutioun, ses descendants; puis il
édifia l'Al-Kaysserïa القيسارية (les bazars) à côté de la mosquée, et établit tout autour des boutiques et des places. Cela fait, Edriss ordonna à ses gens de construire leurs demeures. «Ceux
d'entre vous, dit-il, qui auront choisi un terrain et qui auront sur ce terrain établi des maisons ou des jardins avant que les murs d'enceinte soient entièrement achevés, en resteront
propriétaires. Je le leur donne, dès à présent, pour l'amour du Dieu très-haut.» Aussitôt le peuple se mit à bâtir et à planter des arbres fruitiers ; chacun, choisissant un emplacement assez
vaste pour construire sa demeure et son jardin, le défrichait et employait à la construction de sa maison le bois des arbres qu'il abattait.
Sur ces entrefaites, une troupe de cavaliers persans de l'Irak, appartenant en partie aux Beni Mélouana بني مليانة, arrivèrent auprès d'Edriss et campèrent dans le voisinage de l' l'Aïn-Ghalou ;
cette fontaine, située au milieu d'une épaisse forêt de dhehach, de ghyloun, de kelkh, de besbâs et autres arbres sauvages, était la demeure d'un nègre nommé Ghalou, qui arrêtait les passants.
Avant la fondation de Fès, personne n'osait s'approcher de cet endroit, ni même se mettre en chemin, de peur de rencontrer Ghalou. A cette peur se joignait l'épouvante qu'occasionnaient le
bruissement des bois épais, le grondement de la rivière et des eaux, et des cris des bêtes féroces qui avaient là leurs repaires. Les bergers fuyaient ces parages avec leurs troupeaux, et si
quelquefois il leur arrivait de se hasarder de ces côtés, ce n'était, jamais que sous une nombreuse escorte. Edriss commençait à bâtir sur l'Adoua el-Andalous lorsqu'il apprit ces détails;
immédiatement il donna l'ordre de s'emparer du nègre, et, dès qu'on le lui eut amené, il le tua et fi t clouer le cadavre à un arbre situé au-dessus de ladite fontaine, où il le laissa jusqu'à ce
qu'il eût entièrement disparu en lambeaux de chair décomposée. C'est de là que vient le nom de Ghalou que cette fontaine porte encore aujourd'hui.
Dans la construction des murs de l'Adoua el-Kairaouyn, l'imam prit pour point de départ le sommet de la colline d'Aïn Ghalou, où il fit la première porte de la ville qu'il nomma Bab Ifrîkya باب
إفريقية (porte d'Afrique) ; de là, portant les murs vers Aïn Derdoun عين دردون et jusqu'à Sabter, il éleva la deuxième porte Bab Sadaun باب سعدون; de Bab Sadaun, il se dirigea vers Ghallem غالم,
où il établit la porte appelée Bab el-Fars باب الفرس (porte de Perse) ; de Ghallem, il descendit sur les bords de la rivière (Oued Kebir) qui sépare les deux Adoua, et il fit le Bab el-Facil باب
الفصل (porte de la séparation), qui conduit d'une Adoua à l'autre. Passant sur l'autre rive, il construisit, en remontant le cours de l'eau, cinq mesafat مسافات de murs, au bout desquels il
établit le Bab el-Ferdj باب الفرج (porte du soulagement), que l'on nomme aujourd'hui Bab-el-Selsela باب السلسلة (porte de la chaîne); repassant la rivière et rentrant sur l'Adoua el-Kairaouyn, il
remonta de nouveau le courant jusqu'aux fontaines situées entre El-Sad et El-Gerf السد والجرف, et construisit là le Bab el-Hadid باب الحديد (porte de fer) ; rejoignant enfin cette dernière porte
au Bab Ifrîkya باب إفريقية, il acheva l'enceinte de l'Adoua el-Kairaouyn عدوة القرويين, ville de grandeur moyenne, ayant six portes, abondamment arrosée et contenant grand nombre de Jardins et de
moulins à eau. Passant à l'Adoua el-Andalous, il construisit au midi la porte par laquelle on prend le chemin de Sidjilmeça سجلماسة, que l'on nomme aujourd'hui Bab el-Zeïtoun باب الزيتون (porte
des oliviers) ; de là il dirigea les murs le long de la rivière, en remontant vers Bersakh, et, arrivé vis-à-vis le Bab el-Ferdj de l'Adouael-Kairaouyn, il fi t une porte; puis continuant les
murs jusqu'à Chybouba شيبوبة, il construisit la porte de ce nom qui fait face au Bab el-Facil de l'autre Adoua ; de Bab el-Chybouba باب شيبوبة il arriva à la pointe de Hadjer el-Feradj, et y
plaça la porte de l'orient nommée Bab el-Kenesya باب الكنيسة (porte de l'église), qui conduit an bourg des malades et par laquelle on prend le chemin de Tlemcen تلمسان. Cette dernière porte fut
conservée telle qu'Edriss l'avait faite jusqu'en 540 (1145 J. C.). A cette époque, elle fut détruite par Abd el-Moumen ben Ali عبد المؤمن بن علي, qui, devenu maître du Maghreb, s'était emparé de
la ville de Fès. Elle lut rebâtie en 601 (1204 J. C.) par El-Nasser ben el-Mansour l'almohade الناصر بن المنصور الموحدي, qui refit à neuf les murs d'enceinte, et elle prit alors le nom de Bab
el-Khoukha (porte de la lucarne). Le bourg des malades était situé au dehors de Bab el-Khoukha de façon à ce que le vent du sud pût emporter loin de la ville les exhalaisons qui auraient été
nuisibles au peuple.
ZARc. Ibn Abî-, al-Anîs al-Mutrib bi-Rawd al-Qirtâs fî ahbâr al-Maghrib wa târîh madînat Fâs, Trad., par BEAMIER Auguste, "Histoire des Souverains du Maghreb et annales de la ville de Fès", édit., L'imprimerie Impériale, Paris.