9 Septembre 2008
Le mot maach s'emploie pour désigner l'acte de l'homme qui désire la subsistance et qui fait des efforts pour se la
procurer. C'est un nom de la forme mefal et dérivé d'aïch (vivre). Comme cet acte est nécessaire pour le soutien de la vie, nous pouvons supposer qu'on lui a donné, par hyperbole, un nom qui
signifie lieu où se trouve la vie. Les moyens d'existence se procurent de diverses manières : 1° En les ôtant aux mains d'autrui, quand on y est autorisé par un code de règlements généralement
admis : ce qu'on enlève, ainsi s'appelle taxe impôt. 2° En les tirant
d'animaux sauvages que l'on prend sur terre ou dans la mer : cela s'appelle chasse. 3° En tirant d'animaux domestiques certains produits d'un emploi général parmi les hommes, le lait, par
exemple, qui est fourni par les troupeaux, la soie, qui provient du ver qui la file, et le miel, que l'on doit aux abeilles ; ou bien, on les tire de grains et d'arbres auxquels on a donné des
soins et que l'on traite de manière à pouvoir en tirer une récolte : tout cela s'appelle agriculture. 4° Par le
travail manuel. Il y a deux espèces de travaux : celui de la première espèce s'emploie uniquement sur une matière spéciale et porte alors le nom d'art ; c'est l'écriture, par exemple, la
menuiserie, les arts du tailleur, du tisserand et de l'écuyer. Le travail de la seconde espèce ne s'emploie pas sur une matière spéciale, mais consiste dans les diverses occupations laborieuses
d'un homme de peine. 5° Par le gain résultant du trafic ; on a des marchandises disponibles que l'on transporte dans d'autres pays, ou bien que l'on tient en réserve jusqu'au moment où l'on peut
les écouler avantageusement au marché : cela s'appelle commerce. Ces diverses manières et moyens de gagner sa vie
sont identiquement les mêmes que ceux dont on doit l'indication aux littérateurs et aux philosophes les plus exacts, tels que Harîri. « Ma-ach,
disent-ils, c'est le haut commandement, le commerce, l'agriculture et les arts (manuels) ». Comme le haut commandement n'est pas un moyen naturel de gagner sa
vie, nous ne sommes pas obligé d'en parler ; d'ailleurs, nous avons dit, dans la seconde section, quelques mots sur les impôts qu'on paye au gouvernement et sur les contribuables L'agriculture,
les arts et le commerce offrent au contraire des moyens d'existence conformes à la nature.
Quant à l'agriculture, elle a une supériorité intrinsèque sur les autres, parce qu'elle est facile, naturelle et conforme à la disposition innée de l'homme ; elle n'exige ni études, ni science,
et, pour cette raison, le peuple lui donne pour inventeur Adam, le père de l'espèce humaine. - « Ce fut lui, disent-ils, qui, le premier, l'enseigna et la pratiqua ». Par ces mots, ils veulent
donner à entendre qu'elle est le moyen le plus ancien et le plus naturel de se procurer la subsistance. Les arts viennent en second lieu et à la suite de l'agriculture, parce qu'étant compliqués
et devant être appris ils exigent l'emploi de la réflexion et de l'attention. Voilà pourquoi ils ne fleurissent ordinairement que dans la vie sédentaire, mode d'existence qui est précédé par la
vie nomade. Ce fut pour la même raison que l'on attribua l'invention des arts à Idrîs, le second père des mortels, lequel, dirigé par une inspiration divine, les avait inventés pour l'usage de sa
postérité. Le commerce, considéré comme moyen de gagner sa vie, est conforme à la nature, bien que, dans la plupart de ses opérations, il consiste en tours d'adresse employés dans le but
d'établir entre le prix d'achat et celui de vente une différence dont on puisse faire son profit. La loi permet l'emploi de ces tours, bien qu'ils rentrent dans la catégorie d'opérations
aléatoires, parce qu'ils n'ont pas pour résultat de prendre le bien d'autrui sans rien donner en retour. Mais Dieu sait (mieux que nous ce qui en est).