27 Février 2009
A cette époque, la dynastie des Almohades s'est considérablement affaiblie et a commencé à présenter des signes d'impuissance; ses souverains n'avaient plus d'autorité sur les campagnes; leur pouvoir et leurs ordres étaient limités aux centres urbains; les luttes entre tribus augmentaient de fréquence et d'intensité; la peur règnait sur les routes et les localités éloignées; les gens ne respectaient plus le devoir d'obéissance; chacun agissait à sa guise; plus rien ne différenciait le rôturier du noble; le faible était désormais à la merci du fort; chacun façonnait ce dont il était capable, et celui qui voulait faire du tort aux autres avait toute latitude pour le faire; aucun pouvoir n'était alors en mesure de l'arrêter, ni aucun prince ne pouvait l'en empêcher. Les tribus de "Zenata", les tribus arabes et berbères organisaient des vols à main armée sur les grands chemins et faisaient de temps en temps des descentes dans les bourgs et les villages. Lorsque le prince "Abou Saâd ben Abdelhaq" a vu que les souverains almohades essayaient de gouverner tant bien que mal une dynastie affaiblie, qu'ils perdaient le bénéfice de l'estime et de la considération qu'on leur portait, qu'ils négligeaient leurs sujets et s'enfermaient dans l'enceinte de leurs palais pour échapper aux obligations du pouvoir dont ils étaient investis et s'adonner aux beuveries, à la musique et aux plaisirs des sens, lorsqu'il a vu que le pays était livré à un souverain qui a choisi de vivre dans la débauche et qu'il n'était plus en mesure de faire face aux obligations de son règne, il réunit les dignitaires mérinides et les exhorta d'agir dans le sens des prescriptions de l'Islam qui recommandaient de veiller sur les intérêts de la communauté musulmane, et obtint aussitôt leur adhésion. Il se mit alors à parcourir le pays à la tête d'une très forte armée de volontaires, traversant monts et vallées, en passant par les tribus de toutes les contrées, proches ou lointaines, assurant tous ceux qui lui prêtaient le serment d'allégeance qu'il les prenait sous sa protection moyennant le paiement d'un impôt, "le Kharaj", et persécutant les réfractaires en leur faisant subir des traîtements cruels et tyranniques, allant du pillage de leurs biens à l'assassinat pur et simple.