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Histoire du Maghreb تاريخ المغرب الكبير

Extrait hagiographique du saint Abû Yacza (Moulay bouazza)

Certains disent qu'il était de Hazmîrat Iyrûjân, d'autres des Banû S'abîh de Haskûra. Il est mort ayant dépassé les cent ans d'une trentaine d'années. Il fut enterré au jabal Iyrûjân le premier du mois de Chawâl 572. C'était le pôle (qut'b) de son temps et le prodige de son époque.

Je tiens d'Abû calî al-Sawwâl: j'ai entendu Abû Madyan dire: J'ai vu les informations sur les saints du temps d'Uways al-Qaranî jusqu'à notre époque, je n'en ai pas trouvé de plus étonnante que celles concernant Abû Iczza. J'ai étudié, dit-il, les livres de soufisme, et n'en ai pas trouvé qui égale l'Ihyâ' de Ghazâlî.

J'ai entendu Abû-l-cabbâs Ah'mad ibn Ibrâhîm al-Azdî dire: J'ai entendu Abû cabd Allâh ibn al-Kattânî dire: J'ai transcrit les prodiges d'Abû Yaczza avec les listes de garants. Le cheikh Abû-l-Sa'br Ayyûb ibn cabd Allâh al-Fahrî l'a cité en ces termes: j'ai rencontré le cheikh ascète, vertueux, éminent, signe de son temps, Abû Iczza Yilanûr. C'était un miracle en son temps et une assistance (pour la foi). Il est parvenu dans les stations (maqâmât) à la certitude (yaqîn), là où ne parviennent que quelques-uns parmi les gnostiques (carifîn). La célébrité de ses prodiges remplace la vision qu'on en aurait eue. L'ensemble du peuple comme l'élite témoigne de cette célébrité. N'était la crainte de les voir niés par les vains négateurs, ou par les rapporteurs négligents, nous aurions cité certains des prodiges dont nous avons été témoin, que les enquêteurs ne connaissent pas, et que les gens pieux trouvent leur repos à entendre.

J'ai entendu Abû l'cabbâs Ah'mad ibn Ibrâhîm al-Azdî al-bast'î dire: Je tiens d'Abû-l-S'abr: J'ai entendu le cheikh Abû Icazza dire: qu'ont donc ceux-là qui nient les prodiges des saints? Par Dieu, si j'étais proche de la mer, je leur ferais voir de leurs yeux la marche sur l'eau. Abû-l-S'abr a dit: Je me trouvais chez lui, et j'ai vu un homme venir à lui et le saluer. Abû Iczzâ lui dit: Pourquoi trahis-tu ton frère et viens-tu à son épouse quand il est absent? L'homme lui répondit: J'en demande pardon à Dieu. Il dit encore: Un jour lui arriva une lettre d'Abû Chucayb d'Azemmour dans laquelle il lui disait: Jette le voile sur les serviteurs de Dieu et ne les confonds pas. Il répondit: Par Dieu, si on ne me le commandait pas, je ne confondrais personne, et je jetterais un voile sur les créatures. On lui dit: Les juristes de Fès te reprochent de palper les poitrines des femmes et de les regarder. Il leur répondit: Pour eux n'est-il pas permis au médecin de palper ces endroits et de les regarder en cas de nécessité? Ne me comptent-ils pas comme l'un de leurs médecins? Je palpe celles qui ont malades pour les soigner de cette façon.

Abî Iczzâ disait: J'ai servi près de quarante saints de Dieu. Parmi eux certains ont parcouru la terre, d'autres sont demeurés parmi les hommes jusqu'à leurs mort.

Muh'ammad ibn Ah'mad al-Zanâtî m'a dit: Abû calî Mâlik ibn Tâmajûrt m'a raconté: Chaque année je portais une charge d'huile à Abû Iczzâ de Nafîs au Jabal Iyrûjân. Jallai chez lui une (année) avec une charge d'huile. Je la livrai à son muezzin qui la déchargea dans la maison. Je restai là pour causer avec lui. Il me dit: Il faudrait que tu dises au cheikh Iczzâ de jeter le voile sur les gens et de ne pas les confondre. C'est un homme ignorant. Il ne dait rien. Il dit à ceux qui viennent chez lui: Un tel, tu as volé. Un tel, tu as forniqué. TU as fait telle et telle chose. Il dit à chacun ce qu'il a fait. Il cessa de parler. Je le regardai, il s'abstint de parler. Je lui parlai, et il ne me répondit pas. Tandis que que j'étais ainsi avec lui, Abû Iczzâ arriva, son bâton à la main. Il me salua, me demanda comment j'allais, ainsi que ma famille. Puis il alla vers son muezzin, tendit la main, la passa sous sa gorge et lui dit: mon fils, tu as bien dit, je suis ignorant. Je ne sais que ce que mon Mâitre m'enseigne. Puis un grumeau de sang s'échappa de la bouche (du muezzin), il parla et se mit à dire: J'implore le pardon de Dieu. Abû Iczzâ lui demanda/ De quoi demandes-tu pardon, mon fils, puisque tu as dit la vérité? Je suis ignorant, je ne sais que ce que me fait connaître mon Maître.

Plus d'un m'a raconté qu'Abû Iczzâ alla à Marrakech après l'année 541, (il y fut emprosonné) sous le minaret de la mosquée, puis on lui laissa aller. Il avait avec lui des pains de farine de glands. Il y mêlait des feuilles de liserons et les broyait. Après la prière du couchait il en prenait la valeur d'une demi-livre et s'en nourrissait. Il ne mangeait que des plantes produites par la terre et ne s'associait nullement aux gens dans leur façons de vivre. Il nourrissait ceux qui venaient chez lui de miel, de viande de mouton et de volaille.

On dit qu'à ses débuts il était berger, et chacun des propriétaire du bétail qu'il gardaitlui faisait chaque jour deux pains. Il en mangeait un, et donnait l'autre à un homme qui s'adonnait dans la mosquée à la lecture du Coran. Puis un autre homme s'adonna dans la mosquée à la lecture du Coran: il lui donna l'autre pain, et se mit à manger des plantes produites par la terre. Quand il vit que les que les plantes lui suffisaient comme nourriture il dit: Que ferais-je de la nourriture alors que les plantes m'en dispensaient?

J'ai entendu Muh'ammad ibn calî dire: J'ai entendu Abû cabd Allâh al-Bâjî dire: J'ai vu le cheikh Abû Iczzâ se cueillir de la mauve, la cuire, la sécher, l'enlever. Quand il voulait en manger, il la mettait dans la marmite, en prenait une bouchée ou deux en rugissant, comme qui dompte son âme à laquelle il disait: C'est tout ce que j'ai pour toi!

TÂDILÎ. Abû Yacqûb Yûsuf al-, al-Tashawuf ilâ rijâl al-tasawuf. Trad., par DE FENOYL Maurice, Regard sur les temps des soufis. Vies des saints du sud

Marocain des Ve-VIe-VIIe siècles de l'hégire, édit., EDDIF, Casablanca, 1995, 429 P.

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