13 Mars 2009
Abou-Moh'ammed-'Obeïd-Allah-ben-el-H'assar-ben-'Ali-ben-Mouça-ben-Dja'far-ben Moh'ammed-ben-'Ali-ben-el-H'asseïn-ben-'Ali-ben-Abi T'âleb est ainsi désigné dans Ben K'elkan, qui a tiré cette généalogie d'un livre d'histoire sur K'aïrouân, et y a signalé des contradictions. Il est certain qu'on est peu d'accord sur l'origine d'El-Moh'di, ni sur le lieu de sa naissance. Les uns le font naître à Selima, et les autres à Bagdad en 260. Il commença à régner en 297, Il avait un physique avantageux, un peu chargé d'embonpoint, mais d'un aspect imposant. Il était versé dans toutes les connaissances humaines, et possédait les qualités propres au commandement, qu'il voulait exercer sans partage. Il nomma H'acenben-
Ah'med-ben... gouverneur de Sakalia.
Dès les premiers jours du règne d'El-Moh'di, El-'Abbas se montra envieux de sa fortune et intrigua contre lui auprès des personnes qui l'entouraient. Ces dispositions malveillantes furent connues. El-Moh'di dissimula quelque temps ; puis, comme les intrigues
continuèrent, il fi t périr, en 298 , El-'Abbas et son frère Abou-'Obeïd-Allah.
Abou-'Obeïd-Allah-ech-Chii était un homme simple dans ses manières, plein de la crainte de Dieu. Il était ordinairement vêtu de grossiers habits de laine, et ne se nourrissait que de mets très communs. Il fut le fondateur de la dynastie des Fatimites, dans l'Occident, et l'instrument de sa propre mort.
Maître de l'empire, El-Moh'di institua pour son héritier son fils Abi-el-K'âcem-Moh'ammed, qui en prit dès lors le titre dans ses lettres. Il eut à apaiser deux révoltes, l'une en Sakalia, où il envoya une flotte et un gouverneur de son choix, l'autre à Tripoli, dont les habitants furent punis par une amende de 340,000 dinars d'or.
En 300, il se rendit à Tunis, à Carthage et dans d'autres lieux, cherchant un emplacement pour une place forte qui pût le mettre à l'abri du danger qui menaçait sa dynastie, de la part d'un compétiteur, dont ses connaissances dans l'art de la divination lui avaient appris l'apparition prochaine. Il fi t choix du lieu où est actuellement Mohdïa, dont il fut le fondateur. Lorsqu'on commençait à en poser la première pierre, il fi t tirer une flèche qui alla tomber dans un endroit où les fidèles étaient dans l'habitude de faire leurs prières. Il dit ensuite : « Le maître de l'âme arrivera jusqu'au lieu où est tombée la flèche. » Il désignait par ces mots Abou-Izîd-el-Kardji. Il fi t ensuite mesurer la distance parcourue par la flèche, et ayant trouvé qu'elle était de deux cent vingt-trois dra's, il dit : « Ceci indique le nombre d'années pendant lesquelles Mohdïa restera en notre pouvoir. »
L'émir fi t ensuite marcher contre l'Égypte le fils qui devait lui succéder. Ce prince battit le chef de cette contrée, prit Alexandrie et le Fioum, et retourna, après cela, dans le Mor'reb. En 307, il marcha de nouveau vers l'Est ; mais la peste se mit dans son armée et l'obligea de revenir sur ses pas.
En 315, l'héritier du trône se porta vers l'Occident jusqu'à Tahart. Il bâtit une ville qu'il appela Moh'ammedïa et qui est Msîla. Il ordonna à celui qu'il en nomma gouverneur, d'y réunir de grands approvisionnements de bouche.
El-Moh'di mourut au comble de la puissance, au milieu de rebi'-el-oouel de l'année 322, à l'âge de soixante-neuf ans, après un règne de vingt-cinq ans. Il fut enseveli à Mohdïa. Son pouvoir s'était étendu de Barka au fond du Mor'reb, où celui des Edrisites avait été renversé. Il gouvernait toute cette contrée, à l'exception de Sebta, que possédaient les Beni-'Ommîa. En 305, il s'était rendu maître de Fès, par les mains de son k'aïd Mettala.
IBN ABÎ DÎNAR al-QAYRAWÂNÏ, Histoire de l'Afrique