16 Février 2007
Dans l'an 20 H/ 641, le célèbre cAmr Ibn al-cÂs et le Patriarche Cyrus, gouverneur byzantin de l'Égypte conclurent un traité à Alexandrie, qui donnait tous les droits aux musulmans sur l'ensemble du territoire de l'Égypte. De ce fait, l'armée byzantine quitta définitivement le territoire de l'Égypte. La Cyrénaïque, qui appartenait à la province de l'Égypte selon la réorganisation de l'empire par l'empereur Maurice Tibère (582-602), fit l'objet d'une annexion par cAmr Ibn al-cÂs au début de l'année 22 H/ 643. La conquête de Barqa fut d'une facilité indiscutable. Les troupes arabes ne trouvèrent face à eux que des tribus berbères appartenant aux groupes des Luwâta et des Huwâra, qui ont accepté, dès la première demande faite par les conquérants, un traité de paix sur la base d'un tribut annuel estimé par les historiens à 13 000 dinars.
De l'autre côté, cUqba b. Nâfic l'un des lieutenants de cAmr b. al-cÂs occupa les routes du sud et leurs points d'eau très importants pour les expéditions militaires, en particulier l'oasis de Zawila, entre Barqa et le Fazzân. Un an plus tard, les conquérants prirent Tripoli, puis Sabra et Waddân, l'oasis la plus importante qui permit l'annexion de tout l'arrière-pays, dont la partie montagneuse de Nefûsa (1) territoire de la confédération berbère des Nafûsa. La conquête de l'Égypte et la mainmise sur le territoire de la Cyrénaïque allaient assurer les frontières de la province de l'Égypte. Mais elle donnait aussi une base militaire aux troupes arabes sur les frontières de la province byzantine de la Byzacène (l'Ifrîqiya) qui ne tarda pas à devenir un champ stratégique de l'expansion musulmane sur les frontières occidentales de dâr al-islâm dès l'an 27 H/ 647.
Dans les textes qui relatent la conquête de la cyrénaïque, nous pouvons observer une transformation dans les stratégies militaires utilisées par cAmr b. al-cÂs et son lieutenant cUqba b. Nâfic. Le premier avait usé du traité de paix et du principe de trêve, et conçu un traité avec les Luwâta à la ville de Barqa, tandis que le deuxième avait déjà forgé une forme de radicalisme religieux, dans lequel on évite tous compromis, puisqu'au cours de la chevauchée d'Uqba b. Nâfic dans les oasis du sud, seule la conversion était proposée aux habitants. En constate combien dans cette seconde stratégies, l'idée même du compromis est écartée. Désormais, l'Ifrîqiya était l'objectif des généraux arabes, et les premières préparations furent amorcées dès la prise de Tripoli.
L'Égypte et la Tripolitaine étaient entre les mains d'un des chefs militaires les plus prestigieux de l'armée arabe, accompagné, dans ses conquêtes, par des hommes de haut rang de la société Mékkoise. Il voulait profiter de ses victoires, en étendant la conquête en territoire d'Ifrîqiya (transcription de l'Africa romaine), mais, la tradition et l'organisation militaire de l'Etat islamique, confiaient au seul calife la décision de lancer une guerre. Conformément à cette règle, inspirée des campagnes du Prophète, cAmr b. al-cÂs consulta le calife cUmar b. al-Khattâb (2). Ce dernier, soucieux de la vie de la communauté musulmane, montra une grande réticence à l'égard d'une incursion en Afrique byzantine. Les sources arabes retranscrivent tous une phrase, devenue très célèbre, du calife pour désigner la perfidie de ce pays (3). De ce fait, si la Syrie, la Perse et l'Égypte, les territoires conquis jusqu'alors lui étaient familiers, depuis trois siècles, la province byzantine en revanche, éloignée de l'Égypte qui était la principale base de l'armée arabe, lui était une contrée totalement inconnue, car la Tripolitaine n'avait été qu'une étape de halte pour l'armée arabes(4). La réticence du calife à s'aventurer dans cette contrée est signalée par l'ensemble des auteurs arabes car elle constitue à leurs yeux la vision politique et militaire d'un calife soucieux de la vie de ses troupes. Par la suite, les victoires obtenues par ses successeurs seront signalées comme la revanche militaire d'une Égypte, confinée dans l'attente en raison de l'interdiction de son calife.
Sous le calife cUtmân (23-35 H/ 644-656), les militaires obtiennent l'autorisation de conquérir l'Ifrîqiya, changement de position qui allait susciter l'opposition des fidèles à la ligne de conduite fixée par le calife cUmar premier (5). cUtmân, soutenu par la majorité du conseil islamique qui avait approuvé la guerre sainte (6), accéléra les préparatifs militaires afin d'obtenir une victoire par les armes qui ne pouvait que consolider son pouvoir, l'établir comme troisième calife du Prophète, et l'un des représentants de l'oligarchie aristocratique qurayshite. Au nom du jihâd, facteur fondamental de légitimité et réunificateur des composantes de la société, le calife cUtmân avait appelé la communauté à la guerre sainte, ce qui permit de mobiliser une armée estimée à 20 000 hommes, du nom de "Jaysh al-cAbâdila" (les troupes des cAbd Allâh), sous le commandement du gouverneur de l'Égypte le qurayshite cAbd Allâh b. Abî Sarh en 27 H/ 647 (7).
L’Afrique byzantine était alors sous l'autorité du patrice Grégoire (Gregorius) (Djarjir dans les sources arabes), l'exarque avait profité des dissensions religieuses entre l’église et l'empereur quelques années auparavant, pour se déclarer indépendant (8), et coupé sa province du reste de l'empire. Grégoire avait délaissé Carthage pour s'établir à la ville de Sufetula (Sbeytla dans les sources arabes). Il se porta au-devant de l'armée arabe dans un terrain découvert, favorable aux tactiques militaires arabes et fut tué au cours de la bataille. Son armée abandonna alors Sufetula. Les Arabes lancent des raids dans toutes les directions, sans s'attaquer aux villes fortifiées du nord. Malgré cette victoire retentissante en Orient, les recommandations précises d'Utmân sur la tactique militaire à suivre laissent l'expédition au point d'un raid de reconnaissance. (9). La campagne du gouverneur qurayshite cAbd Allâh b. Sacd prend fin en 28 H/ 649, dans un contexte somme toute peu glorieux puisque l'évacuation du territoire conquis s'obtint par rançon et suscita d'importantes querelles parmi les officiers sur les modalités de partage du butin de la conquête. Cette première campagne militaires qui sembla si facile et fructueuse ne laissa donc aucune trace d'occupation permanente, après que les byzantins eurent acheté le départ des troupes arabes, le Maghreb connut dix-sept ans de répit (10).
Après l'assassinat du calife du califat cUtmân, la communauté musulmane traversa une grande crise d'instabilité, qui endigua un temps les projets des militaires installés en Tripolitaine. Les querelles inter-musulmanes, notamment les luttes entre les cAlites et les Mucawites (11), s'achevèrent par la victoire en 40 H/ 660 de la tendance de Mucâwiya, et la mise en place d'un nouveau pouvoir à Damas, qui devint aussi le centre de l'islâm (12). La naissance des deux tendances politico-religieuses: le kharijisme et le shicisme au cours de cette crise instaura une nouvelle pratique du pouvoir. Les deux tendances allaient jouer, l'une après l'autre, un grand rôle dans l'histoire du monde musulman oriental ainsi que dans les transformations politiques au sein du Maghreb. Le kharijisme, en particulier, avec son idéologie égalitaire, allait inspirer et justifier les actes des révoltés, qui voulaient accéder à l'indépendance de la région vis-à-vis de l'orient musulman et son institution politique le califat (13), la doctrine kharijite est certainement l'élément le plus essentiel au Maghreb médiéval.
Ce déchirement politico-religieux en Orient laisse à penser que l'Afrique byzantine allait profiter de ces dix-sept ans pour réorganiser ces positions militaires et consolider son unité religieuse. Les textes ne stipulent rien de tel: les querelles religieuses persistèrent et la ligne militaire stagna aux frontières de la Tunisie centrale et septentrionale.
Les militaires de l'Égypte et de la Tripolitaine en particulier, qui tenaient depuis l'expédition d'Amr b. al-cÂs et cAbd Allâh b. Sacd, une garnison permanente à Barqa et Waddân, et possédaient une certaine connaissance du territoire d'Ifrîqiya, des moyens de défenses militaires de Byzance et des populations berbères, ne tardèrent pas à lancer un appel au nouveau calife. La seconde campagne fut rapidement mise en route, avec une armée estimée à 30 000 hommes, sous la direction de Mucâwiya b. Hudayj. Une fois débarqué à Sousse (Hadrumète) alors sous commandement de Nicéphore, l'exarque envoyé par l'empereur Constantin (641-668), la ville fut assiégée et prise par cAbd Allâh b. al-Zubayr (14), Jalûla à son tour tombait aux mains d'Abd al-Mâlik, ainsi que la ville de Benzarte et l'île de Djerba (15). Cette campagne éclair, qui avait semé le trouble en Ifrîqiya et qui portait ses vue sur les villes du nord, était-elle une nouvelle stratégie de chefs militaires, attendait-elle une meilleure connaissance du territoire et des forces militaires byzantines? Les textes arabes n'apportent aucune réponse sur ce point. Comme la précédente campagne, nous observons qu'elle reste un raid de reconnaissance, s'achevant sur des querelles entre les chefs militaires au sujet de la gestion des retombées financières de la campagne.
L'orientation vers une politique d'occupation permanente pour soumettre la population locale ne semait en place qu'avec cUqba b. Nâfic (16). Chef militaire habile, il avait fait ses preuves en Afrique par une longue marche militaire en Cyrénaïque, au Fazân et par la conquête de l'oasis de Ghadamès en 42 H/ 662 (17). Pour les sources arabes, cUqba b. Nâfic est une véritable autorité de l'islâm en Ifrîqiya.
Commandant une armée estimée à 10 000 hommes, il dirigea des opérations militaires en 670. Durant les trois ans que dura la campagne, le chef militaire se démarqua de ses prédécesseurs, fidélité aux tactiques recommandées par le calife cUmar Ier, il eut pour objectif l'occupation de l'Ifrîqiya. Entant que gouverneur, il passa outre les étapes préliminaires à la conquête et fonda au cœur de la byzacène une nouvelle ville -al-Qayrawân-, qui signifie au Moyen-Age "camp" ou "arsenal". L'histoire de l'islâm au Maghreb considérera la fondation de cette ville comme la place d'armes devant servir l'islâm jusqu'à la fin des temps" (18). Malgré les victoires obtenues, ainsi que son expérience du terrain, cUqba b. Nâfic fut relevé de ses fonctions en 56 H/675: trop radical dans son zèle religieux, il ne sut faire preuve de sens militaro-diplomatique, et l'on rapporte son mépris et les insultes répétées à l'égard des berbères. En désigna pour le remplacer Abû al-Muhâjir Dînâr un homme de compromis.
Abû al-Muhâjir Dînâr était mawlâ des Ansâr (19), nommé par le gouverneur de l'Égypte Maslama b. Mukhallad al-Ansârî, commandant des opérations militaires en Ifrîqiya. Les sources arabes nous présentent la personnalité d'Abû al-Muhâjir: un homme de compromis, dont la finesse diplomatique permettrait de gagner la sympathie des Berbères, en particulier de leurs chefs, traditionnellement très suivis par la majorité de leurs tribus. Toutefois Abû al-Muhâjir reste mandaté par le calife pour réaliser des poussées militaires au pays des berbères. Ce qu'il fit puisque les sources lui accordent les mérites des premières avancées de la conquête vers l'ouest jusqu'aux bourgades de Tlemcen, où il captura Kusayla, le chef des Awraba et de la future résistance berbère (20). Abû al-Muhâjir laissa aux Byzantins la Proconsulaire et la Numidie (21).
Opposé à la politique radicale de son prédécesseur. Dont il avait critiqué les projets, Abû al-Muhâjir mit en place une toute autre politique de conquête, un comportement différent à l'égard des berbères et modifia l'emplacement de Qayrawân, un comportement qui rappelle bien des politiques dynastiques au Maghreb plus tard et des gouverneurs qui se trouvaient de plus en plus indépendants des orientations politiques du calife (22). Pour la première fois la politique de négociation qu'avait menée Abû al-Muhâjir avec le chef des Awraba et de la confédération Sanhâja, qui dominait tout le Maghrib central, donna des résultats. Le chef des Awraba avait accepté de se rallier à l'islâm, à condition que son clan devienne membre de la communauté musulmane. La date de 59 de l'hégire restent une date importante de la conversion massive, qui allait permettre aux Arabes de s'attaquer avec leur allié à Carthage et Mila. Mais la nomination d'Uqba b. Nâfic, pour la seconde fois, allait changer la donne politique et les procédés militaires de la conquête.
De retour au pouvoir en 682, cUqba b. Nâfic avait rétabli Qayrawân dans son ancien emplacement tout en mettant en détention son rival Abû al-Muhâjir au côté de Kusayla qu'il avait humilié selon les sources arabes (23). Entre 682 et 683, une période qui reste célèbre par l'étendue de la conquête: des steppes de l'Atlas jusqu'au sud du Maghrib occidental, les auteurs arabes évoquent l'itinéraire d'Uqba, de Qayrawân jusqu'au nord des Aurès, le Zab, Tâhert et Tanger. cUqba poursuivit ensuite sa route jusqu'au sud du Maghrib occidental à Nafîs et Aghmât (24). Durant cette longue marche militaire, cUqba se heurta aux coalitions des Berbères et des Byzantins, notamment à Baghâya, Lambès, au Zab etc. C'est à son retour, que Kusayla l'attaqua par surprise dans la ville de Tahûda près de Biskra. cUqba et Abû al-Muhâjir y trouvèrent la mort. La coalition berbère maître de Qayrawân, prenait sa revanche sur les conquérants et mit en place une situation difficile pour l'armée arabe qui allait durer cinq ans (25). Le désastre de Tahûda allait ainsi ouvrir la voie à des mouvements de révolte des Berbères, qualifiés par l'historiographie arabe d'apostasie (Rida) et exploités par "l'infidèle" byzantin.
Le calife ne peut tolérer longtemps pareille situation. La position militaire de Byzance n'est pas au point mort. Elle possède encore des ports de ravitaillement pour ses militaires et ses garnisons. Il garde les forteresses dans le nord. Les Berbères, de leurs côtés, résistent par tous les moyens. Ils sont arrivés à mettre en déroute les troupes arabes en prenant le symbole de l'islâm (Qayrawân), la première garnison et ville fondée par les conquérants pour maintenir le territoire sous leur domination (26). Le calife cAbd al-Mâlik (66 H/685 - 86 H/705) décida d'envoyer Zuhayr b. Qays. Ce dernier affronta la coalition berbère de Kusayla à Mens, à l'ouest de Qayrawân, où le chef berbère trouva la mort. La mission accomplie, l'armée arabe se replia sur ses bases: cette campagne fit alors figure d'expédition punitive à l'encontre des berbères. La domination arabe fut brève: débarquées en Ifrîqiya, les forces byzantines éliminèrent Zuhayr b. Qays infligeant une nouvelle défaite aux arabes et installant à nouveau leur pouvoir sur l'Ifrîqiya (27)
La résistance berbère commence à se mettre en place lorsque ces derniers réalisent que la volonté des arabes à souhaiter leur intégration à la communauté musulmane et à l'empire islamique, signifie accepter de vivre sous domination étrangère. Les berbères acceptent l'islâm mais refusent farouchement la domination politique des arabes (28), ce que marque la révolte berbère de Kusayla (68 H/687 - 71 H/690) et leur victoire s'amorce dans ce que l'on peut qualifier de lutte contre la domination étrangère qui n'associa pas les byzantins. Ce modèle de lutte libre se renouvela dans une résistance initié par la princesse de l'Aurès, de la tribu de Jrawa, connue sous le nom légendaire de Kâhina.
A la tête de 40 000 hommes, le gouverneur Hasân b. al-Nucmân avait pour objectif la conquête d'Ifrîqiya. Installé à Qayrawân, il avait attaqué en 694 la ville de Carthage. Une fois la ville aux mains des conquérants, les Rûms, poursuivis jusqu'à Binzerte, se réfugièrent à Bône (29). Malgré la reconquête de la ville en 695 par une flotte conduite par le patrice Jean, Hasân reconquit Carthage pour la seconde fois en 697 (30). Hasân allait cependant devoir affronter un autre adversaire, la princesse berbères, nommée par les textes arabes la Kâhina -surnom arabe signifiant devineresse- (31); dont les origines sont entourées de légendes. De la tribu des Jrawa, elle reprit le flambeau de la révolte berbère, de résistante aux conquérants.
Après sa victoire militaire d'Ayn al-Bayda, elle repoussa l'armée arabe jusqu'à Gabès en inaugurant la stratégie de "la terre brûlée", détruisant les cultures entre l'Aurès et l'Ifrîqiya, qui selon elle constituait le butin recherché par les Arabes (32). Après s'être replié sur Tripoli, Hasân affronta la Kâhina à Gabès, puis la poursuivit jusqu'à Tabarka, où elle succomba au bord d'un puits (Bîr al-Kâhina) à la sortie de la montagne Neshâr, à quelque 50 km de Tobna. Après sa défaite à Gabès, la Kâhina conseilla à ses deux fils de changer de camp et de passer à la religion des vainqueurs (33). Malgré la victoire de Hasân b. al-Nucmân le calife cAbd al-cAzîz le remplaça par Mûsâ b. Nusayr en 85 H/ 704.
L'Ifrîqiya conquise, il reste pour les vainqueurs, la poursuite de l'expansion territoriale vers le Maghrib extrême et la Péninsule Ibérique. Abû cAbd al-Rahmân Mûsâ b. Nusayr al-Lahmî, Mawlâ d'origine arabe des Umayyades, fut placé en 85 H/704 par le gouverneur d'Égypte cAbd al-cAzîz b. Marwân à la tête de la province d'Ifrîqiya. Fort de son expérience administrative et politique en Iraq et en Égypte, Mûsâ poursuivit l'œuvre d'Uqba b. Nâfic. Dès son arrivée à Qayrawân, il déposa le gouverneur Abû Sâlih, lieutenant de Hasân, en reprenant en même temps la pacification de l'Ifrîqiya. Puis, il engagea une expédition vers Tanger et dans le Sûs al-Aqsâ. Après que "le peuple fut rentré dans l'obéissance", Mûsâ b. Nusayr désigna Târiq b. Ziyâd commandant de Tanger, et l'investit de la mission de la conquête de la Péninsule ibérique qui débutera en 92 H/ 711. Ainsi, dans la première décennie du VIIIe siècle, le Maghreb, fut sur le plan militaire, soumis à l'autorité des califes d'orient.
Après la conquête arabe du Maghreb (642-711), les Berbères ont embrassé l'islâm en masse, cependant leur conversion n'était guère que pure forme. Ils adhérèrent à l'islâm parce que les Arabes leur avaient porté des coups militaires décisifs, mais il reste que l'islâm apparaît aux berbères comme une doctrine simple et claire, porteuse d'une plate-forme de société égalitaire. Mais cette adhésion allait se transformer au fil des années, en raison de la politique purement arabe de l'empire Umayyade de l'aristocratie Mekkoise des Qurayshites, les anciens adversaires les plus farouches au Prophète et les convertis de la dernière heure à l'islâm. Cette aristocratie Mékkoise dirigeant le monde musulman à son profit, elle peinait à appliquer les principes égalitaires de l'islâm, continuant à traiter les nouveaux convertis en citoyens de deuxième ordre sur le plan fiscal, administratif et politique. En un mot les nobles de la Mecque détenaient sans partage le pouvoir politico-religieux dans le monde musulman. La conquête arabe bouleversa profondément le Maghreb tournée jusqu'à lors vers l'occident chrétien à travers les rapports économiques, sociaux et militaires, particulièrement entretenus avec Byzance, l'Italie et l'Espagne, le Maghreb malgré son autonomie dont il jouissait au VIIe siècle, s'attacha à la fin de la conquête de Mûsâ b. Nusayr, à Damas et à la dynastie Umayyade Qurayshite. De ce fait, l'histoire des dominations étrangères au Maghreb est, pour la première fois, celle d'une domination de civilisation qui n'était pas romaine et chrétienne.
(1)-Sur ces conquêtes, nous citons à titre indicatif:
-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice dans IBN KHALDÛN cAbd al-Rahmân, Histoire des Berbères..., T., I, édit., Paul Geuthner, Paris, 1978, pp., 302 sq.
-AL-YAcQÛBÎ, Târîkh al-Yacqûbi, E.J., Brill, Leiden, 1969, pp., 179-180.
-IBN AL-FAQÎH, Mukhtasar Kitâb al-Buldân, Beyrouth, 1988, p., 77.
-AL-BAKRÎ, Description de l’Afrique septentrionale, trad., DE SLANE, édit., Maisonneuve, Paris, 1965, pp., 4-5.
-JARRY Jacques, L'Egypte et l'invasion musulmane, Annales Islamologiques, T., I, 1966.
-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân al-mughrib fî akhbâr al-Andalusie wa al-Maghrib, éd., par LEVI-PROVENçAL Evariste, édit., Dâr
al-Taqâfa, Beyrouth, 1983, T., I. p., 8
-MARMOL C., Ifrîqiya, trad., par HAJJI Mohamed et autres, édit., Maktabat al-Macârif, Casablanca, T., I, 1984, p., 148.
-ZAWI Ahmad, Târîkh al-fath al-cArabî fî Libyâ, Dâr al-Macârif, le Caire, 1963, p., 31 sq.
(2)-N: cUmar b. al-Khattâb (13-23 H/ 634-644) est l'un des califes du Prophète, qui a doté la
communauté d'un califat unitaire, centralisé et des premières institutions étatiques et religieuses.
Sur ce compagnon du Prophète, nous citons l'étude de:
-MAHMÛD Ismâcîl, Qadâyâ fî at-târîkh al-islâmî, Dâr at-Taqâfa, Casablanca,
1981, pp., 13 à 33.
-SÂLIH cAbbâs, al-Yamîn wa al-yasâr fî al-Islâm, Beyrouth, 1972, pp., 59 sq.
(3)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., pp., 306-307).
-AL-YAcQÛBÎ, Târîkh..., T., II, op. cit., p., 197.
(4)-LECOMTE G., L'Ifrîqiya et l'Occident dans le Kitâb al-Macârif d'Ibn Qutayba, dans C.T., N°
19-20, pp., 252 sq.
(5)-N: selon al-Nuwayrî, (Appendice.., op. cit., p., 314), Abû l-Acwâr Sacîd b. Zayd avait répondu pour expliquer le motif de sa désapprobation: "j'ai entendu
cUmar b. al-Khattâb déclarer que tant que ses yeux porteraient les larmes, aucun musulman ne ferait une expédition contre ce pays; et je ne conseillerai jamais une démarche qui serait
en opposition avec la volonté de ce calife".
(6)-N: le conseil du calife, composé principalement des compagnons du Prophète avait fonctionné comme une chambre consultative.
(7)-AL-NUWAYRÎ, Conquête de l'Afrique septentrionale par les Musulmans et l'histoire de ce pays sous les Émirs
arabes, dans IBN KHALDÛN cA., Histoires des Berbères..., T., I, édit., Paul Geuthner, Paris, 1978. pp., 314 sq.
-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., p., 304.
-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân.., T., I, op. cit., p., 9.
-IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., p., 209.
(8)-Sur la situation militaire de l'Afrique byzantine, nous citons:
-BREHIER Louis et AGRAIN René, Grégoire le Grand, les Etats barbares et la conquête arabe (590-757), édit., Bloud et Gay, 1938, en particulier les pages 211 à 230.
-DIEHL Ch., L'Afrique byzantine, Paris, 1896.
(9)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., pp., 304 sq.
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., p., 314.
-AL-YAcQÛBÎ, Târîkh..., T., I, op. cit., p., 191.
-AL-BALADÛRÎ, Kitâb al-Buldân, édit., Sharikat Tabc al-Kutub al-cArabiya 1900, pp., 234 sq.
-AL-MÂLIKÎ, Riyâd al-nufûs fî macrifat tabaqât cUlamâ' al-Qayrawân wa Ifrîqiya, éd., par BAKOUCH Bachir, édit., Dâr al-Gharb al-Islâmî, Beyrouth, 1984, T., I., pp.,
17-19-21- sq.
-IBN KHALDÛN, Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., pp., 209-210.
(10)-N: a part l'éloge que les auteurs arabes faisaient de la campagne d'Abd Allâh b. Sacd, ils
insistent sur la destruction de Sufetula, événement symbolique de la première expédition à ce sujet voir:
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., p. 322.
-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., pp., 304 - 305. Il écrit: "il retourna en Egypte sans laisser de gouverneur, et sans y établir de Qayrawân...".
-IBN KHALDÛN cAbd al-Rahmân, Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., 209.
(11)-Sur les polémiques autour d'Utmân, sa gestion des biens de
la communauté, les prélèvements sur le trésor public, la destitution des grands compagnons des charges provinciales, nous citons:
-LAOUST Henri, Les schismes dans l'Islâm, Payot, Paris, 1977, pp., 7 sq.
(12)-L'assassinat d'Ali, gendre et cousin du Prophète, et l'installation de son rival Mucâwiya au pouvoir, fils d'Abû Sufyân, autrefois chef de la maison puissante des Umayyades et de l'opposition mékkoise est la première dissension décisive dans l'Islâm (W. Montgomery Watt, Mohamed à la Mecque, Paris, 1958, pp., 133-175 et Mohamed à Médine, Paris, 1959, pp., 85-98). Cette dissension allait changer l'orientation de l'histoire politico-religieuse de l'Islâm dans le domaine de la succession, de la légitimité des successeurs. L'initiative de désigner son fils héritier du pouvoir de son vivant, Mucâwiya a suscité des réactions hostiles à ce changement, qui allaient durer le long de l'histoire des Umayyades (40 H/ 660 - 132-750); pour mieux contrôler l'opposition les Umayyades au cours de leur histoire ont poussé à la conquête. (Sur les conquêtes Umayyades, D. J. Sourdel, la civilisation classique de l'Islâm, Paris, 1983 et MANTRAN Robert, L'expansion musulmane (VIIIe - XIe siècle), édit., PUF, Paris, 1969).
(13)-Sur la crise du califat et le kharijisme en Afrique du Nord, nous citons:
-Mahmûd Ismâcîl, Qadâyât fî at-târîkh..., op. cit., pp., 34 sq (3 articles).
-LAROUI Abdallah, Histoire du Maghreb. Un essai de synthèse, François Maspero, Paris, 1982, pp., 86 à 96.
-TERRASSE Henri, Histoire du Maroc des origines à l'établissement du protectorat français, édit., Atlantides, Casablanca, 1950, pp., 86 à 104.
(14)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice.., op. cit., p., 307. al-Bakrî, Description...., op. cit., p., 75.
(15)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., p., 307.
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., pp., 324-326. -IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., pp., 210-211. -AL-BAKRÎ, Description de
l’Afrique..., tx., fr., op. cit., pp., 71 et 122.
(16)-N: parmi les mérites des textes arabes, la distinction entre les raids de reconnaissances et la conquête organisée et permanente.
(17)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., pp., 309-312.
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., pp., 327-330.
-IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., p., 211.
(18)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., pp., 311-312.
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., pp., 327-330.
-IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., p., 211.
-N: cUqba b. Nâfic avait fondé la ville administrative et politique d'une province que les autorités de l'orient voulaient indépendante vis-à-vis de l'Egypte:
« Mucâwiya b. Hudayj rentra alors en Égypte, et reçut d'Ibn Abî Sufyân le gouvernement de ce pays, en échange de celui de l'Ifrîqiya. Ce dernier pays devint ainsi un gouvernement
séparé, ne dépendant plus de celui de l'Égypte, mais relevant directement du calife » AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., p., 326.
(19)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., p.,
-ABÛ AL-cARAB, Tabaqât cUlamâ' Ifrîqiya wa Tunis, 1968, AL-MÂLIKÎ, Riyâd al-nufûs..., T., I, op. cit., p., 31 et autres disent qu'il était mawlâ de Maslama
b. Mukhallad (voir aussi AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., p., 330).
(20)-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., pp., 330-331.
-AL-MÂLIKÎ, Riyâd al-nufûs..., T., I, op. cit., p., 33.
-Selon l'auteur des cIbars: « Kusayla rallièrent tous les Branès sous leurs drapeaux, Abû al-Muhâjir marcha contre les révoltés, et, arrivé aux sources
(cUyûn) de Tlemcen, il les battit complètement et fit Kusayla prisonnier... » Ibn Khaldûn cA., al-cIbar, trad., DE SLANE, "Histoire des
Berbères...", T., I, op. cit., p., 211.
(21)-Sur le traité entre les Berbères et les Byzantins d'un côté et Abû al-Muhâjir, nous citons AL-MÂLIKÎ, Riyâd al-nufûs..., T., I, op. cit., p., 33.
(22)-Sur la rivalité entre ces deux chefs militaires: Abû al-Muhâjir et cUqba b. Nâfic :
-AL-YAcQÛBÎ, Târîkh..., T., II, op. cit., p., 272.
-AL-MÂLIKÎ, Riyâd al-nufûs..., T., II, op. cit., p., 33.
-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân..., T., I, op. cit., p., 23.
(23)-N : la stratégie des militaires arabes avait produit deux faits lors de la conquête du Maghreb.
1 - Le premier est que des régions du Maghrib étaient souvent restées autonomes, les montagnes de l'Awrâs au Maghrib central et l'Atlas au Maghrib occidental. Ces foyers montagneux ont constitué
les refuges des notables berbères et de leurs familles, c'est de ces régions que les berbères ont organisées et menées leur résistance aux arabes.
2 - Le deuxième fait est le traitement des chefs berbères qui ont bénéficié d'une captivité "dorée". Kusayla par exemple, vaincu par Abû al-Muhâjir Dînâr, s'était soumis et rallié au vainqueur,
mais dès que le successeur d'Abû al-Muhâjir lui avait retiré ces privilèges; il s'échappe pour rejoindre les berbères dans les montagnes autonomes insoumises, d'où il avait appelé à
l'insurrection contre les Arabes.
(24)-N: les sources arabes estiment son armée à 15 000 cavaliers et des contingents berbères ralliés à sa marche
militaire à travers le Maghreb, (IBN cIDÂRÎ, al-Bayân al-mughrib..., T., I, op. cit., p., 23). L'auteur d'al-Bayân
trace la route d’Uqba de Qayrawân, Baghâya, Carthage, Munastîr, le pays du Zâb, Tâhert, Bilâd Tâmasna (Sûs al-Adnâ, Sus al-Aqsâ). Ibid., pp., 23 sq.
-AL-BAKRÎ, Description de l’Afrique..., tx., fr., op. cit., p., 150.
(25)-«Pendant cinq années, Kusayla gouverna l'Ifrîqiya et exerça une grande autorité sur les Berbères. Il s'était
fixé à Qayrawân...» IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., p., 212.
-IBN cABD AL-HALÎM, Nouveau récit de la conquête de l'Afrique du Nord, dand Arabica, V., I, Leyde, 1954, p., 40.
-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân..., T., I, op. cit., p., 31.
-AL-BAKRÎ, Description de l’Afrique..., tx., fr., op. cit., p., 151.
(26)-N: une affirmation pertinente d'Ibn Khaldûn sur le traitement des Arabes: «Il (Kusayla) avait accordé grâce et protection à tous les Arabes qui, n'ayant pas le moyen d'emmener leur enfant et leurs effets, étaient restés dans cette ville (Qayrawân)» Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., p., 212.
(27)-Le "royaume berbère de Kusayla" entre (68 H/687 - 71 H/690), n'avait pas de politique anti-islâm comme religion, mais anti-arabe comme domination étrangère, surtout que les Umayyades étaient intraitables en ce qui concerne la souveraineté d'un non-arabe sur leur province
(28)-IBN cABD AL-HAKAM, Futûh..., op. cit., pp., 61-62.
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., pp., 337-338. AL-BALADÛRÎ, Futûh..., op.
cit., p., 236.
-AL-MALÎKÎ, Riyâd al-nufûs..., T., I, op. cit., pp., 45-46-38.
-IBN cABD AL-HALÎM, Nouveau récit..., op. cit., p., 40.
-IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., pp., 212-213.
-AL-DABÂGH, Macâlim al-Imân fî macrifat ahl al-Qayrawân, édit., al-Matbaca al-carabiya, Tunis, T., I, op. cit., pp.,
50-55.
-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân..., T., I, op. cit., pp., 31 - 32.
(29)-N: «la ville de Bône était la demeure de Saint Augustin (Augochtîn), grand docteur de la religion chrétienne». AL-BAKRÎ, Description de l’Afrique..., tx. fr., op. cit., p., 116.
(30)-IBN cABD AL-HAKAM, Appendice..., op. cit., p., 62.
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., p., 339.
-AL-MALÎKÎ, Riyâd al-nufûs..., T., I, op. cit., pp., 48 - 49.
-AL-DABÂGH, Macâlim al-Imân..., T., I, op. cit., pp., 55 – 56.
-IBN cABD AL-HALÎM, Nouveau récit..., op. cit., p., 40.
-IBN KHALDÛN cAbd al-Rahmân, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale..., T., I, op. cit., p., 213.
-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân al-mughrib..., T., I, op. cit., pp., 36 - 37.
(31)-N: le premier siècle de l'islamisation qui s'étend du VIIIe au XIe siècle était
l'époque des faux prophètes, dont la reine des Aurès, la Kâhina qui a organisé la résistance aux arabes était la première dans l'histoire de la région et qui apparaît dans les sources arabes
comme une femme qui avait des dons prophétiques sur ce sujet, voir à titre indicatif:
-FERHAT Halima et TRIKI Hamid, Faux prophètes et mahdis dans le Maroc médiéval, dans Hesp., Tam., V., XXVI - XXVII, Fasc., unique, 1988 - 1989, pp., 5 à 23.
-LEWICKI T., Prophètes, devins et magiciens chez les berbères médiévaux, Folia Orientalia, T., VII, Cracovie, 1965.
(32)-IBN cABD AL-HAKAM, Futûh..., op. cit., p., 63.
-AL-NUWAYRÎ, Appendice..., dans IBN KHALDÛN cAbd al-Rahmân, Histoire des Berbères..., op. cit., pp., 340 - 341.
-AL-MÂLIKÎ, Riyâd..., T., I, op. cit., pp., 48 - 49. AL-DABÂGH, Macâlim..., T., I, op. cit., p., 59.
-IBN cABD AL-HALÎM, Nouveau récit..., op. cit., p., 40.
-IBN cIDÂRÎ, al-Bayân..., T., I, op. cit., pp., 36 - 37.
-IBN KHALDÛN cA., Histoire des Berbères..., T., I, op. cit., pp., 213 - 214.
(33)-IBN cABD AL-HAKAM, Futûh..., op. cit.,
p., 64.
-AL-BALADÛRÎ, Futûh..., op. cit., p., 236. AL-NUWAYRÎ, Appendice..., op. cit., p., 238.
-AL-MÂLIKÎ, Riyâd al-nufûs..., op. cit., pp., 51-55.
-AL-DABÂGH, Macâlim al-Imân..., T., I, op. cit., pp., 56-60.
-IBN cABD AL-HALÎM, Nouveau récit..., op. cit., p., 41.